Sur le « lycée expérimental » de Saint-Nazaire (intervention d’Alain Avello, 15 octobre 2014)

Sur le « lycée expérimental » de Saint-Nazaire (intervention d’Alain Avello, 15 octobre 2014)

Sur le « lycée expérimental » de Saint-Nazaire

par Alain Avello

 

Mesdames, Messieurs, chers amis,

 

Venant aujourd’hui à votre rencontre, ici, à Saint-Nazaire, il m’était difficile de ne pas envisager d’aborder le cas du « lycée expérimental », cet « objet scolaire non identifié », cette anomalie !

Peut-être s’étonnera-t-on toutefois, même à Saint-Nazaire, de ce que l’on fasse trop de cas de ce qui n’est, somme toute, qu’un phénomène marginal.

On arguera même que le « lycée expérimental », après tout, est une structure permettant d’accueillir des élèves qui, sinon, seraient probablement déscolarisés, et c’est dans la louable intention, nous en conviendrons, de lutter contre l’échec scolaire que Gabriel Cohn-Bendit et André Daniel obtinrent, en 1982, d’Alain Savary, ministre de l’Education nationale d’alors, et de François Mitterrand de pouvoir monter cette structure.

Mais, et la question nous est permise, de quoi le « lycée expérimental » est-il le nom ?

Car nous avons là affaire, et sans jeu de mots, à un « cas d’école », à ce qui, à l’origine, dès 1982 donc, faisait figure de laboratoire d’expérimentation où allaient être testées ces « pédagogies prétendument innovantes », l’aventure se poursuivant toujours en 2014  — les 68ards l’étant jusqu’à décidément très tard !…

Pour autant, il n’est pas sûr que ce ne soit là — cette structure, et on hésite décidément à prononcer le mot d’ « institution » —, il n’est pas sur qu’elle ne soit qu’un simple anachronisme doublé d’une expérience marginale…

Qui connaît le système scolaire, son histoire, sa situation présente, l’orientation prises depuis plus de 30 ans par les réformes qui lui ont été imposées, ne peut que reconnaître dans l’enseignement à la sauce Cohn-Bendit, la pâte de ces pédagogies qui, de façon beaucoup plus générale et, pour tout dire totalitaire, allaient pénétrer, à grands coups de réformes aberrantes et, parfois, plus insidieusement encore, la totalité du système scolaire, et cela, bien sûr, pour le pire !

Mais ce qui étonne surtout, ce sont les résultats que « XP » obtient au Bac (classement académique, 2013) : seul 8% des élèves ayant débuté leur scolarité dans l’établissement en 2nde ont leur Bac — un taux digne des années 50 ! Et ceci sur fond d’un diplôme profondément dévalorisé, tant il est aujourd’hui donné à la quasi-totalité d’une classe d’âge !

Ainsi ce taux catastrophique révèle de façon parfaitement explicite la nullité abyssale de ce qui est dispensé à titre d’enseignement dans cet établissement, qui est pourtant, j’y reviendrai un établissement public…

On pourra certes toujours prétendre que la finalité de cette structure est donc de procéder au sauvetage des élèves qui s’y trouvent, lesquels seraient sinon « sortis du système », seraient en perdition scolaire ou que l’enjeu n’est pas tant le diplôme que l’épanouissement individuel, et autres calembredaines.

Eh bien, nous répondrons que cet établissement scolaire, qui est une parodie de l’Ecole, en réalité, a délibérément procédé à la relégation du savoir à la périphérie de ses préoccupations et de ses objectifs, qu’il traduit par un tel fiasco, et je pèse mes mots, une aversion pour le savoir, auquel il a délibérément préféré un pseudo-épanouissement individuel et une inventivité prétendument créatrice.

Comme si, au contraire, le savoir n’était pas justement la source de l’épanouissement et de la créativité, comme si le savoir n’était pas aussi ce qui élève et socialise.

Mais le « lycée expérimental », c’est encore la négation même du rapport légitimement et nécessairement asymétrique entre le professeur et l’élève, lequel élève pourtant ne saurait accéder à l’autonomie, c’est-à-dire à la liberté, que sous l’autorité — qui n’est pas la même chose que la contrainte — du premier.

Texte officiel : « [Les élèves et les membres de l’équipe éducative décident chaque semaine de tout ce qui concerne l’établissement […]ils participent ensemble à la création des activités pédagogiques ».

Et c’est l’archi-individualisation des parcours scolaires qui en découle :

« Le principe directeur du projet éducatif du Lycée Expérimental de Saint-Nazaire est que chaque élève construit sa propre formation », lit-on encore.

Car s’il n’y a plus asymétrie entre un maître qui sait et un élève qui ne sait pas encore et est là pour apprendre, alors le cadre scolaire n’est plus que le lieu de rapports individuels et la transmission du savoir devient impossible.

Dans ce contexte, les notes sont évidemment battues en brèche : pas de conseils de classe, pas de bulletins, mais la pratique de l’ « auto-évaluation », même si elle conduit, paraît-il à la vague constitution de « groupes de niveaux »…

Et l’on atteint la formule chimiquement pure de ce que l’on a pu appeler l’idéologie libéral-libertaire et du rapport à l’individu qu’elle organise.

Inéluctablement, l’individu ainsi produit est aussi atomisé que flottant, aussi arrogant qu’inculte.

Et pourtant, le lycée expérimental de Saint-Nazaire est un lycée général public qui fonctionne de façon cogérée. Outre ses presque 200 élèves, il regroupe dix-neuf postes de membres de l’équipe éducative, enseignants qui, en raison du statut administratif de l’établissement sont évidemment payés par vos impôts.

C’est donc une structure qui bien que dépendante de l’Etat déroge de façon généralisée à la règle commune, et n’a même de cesse que de l’enfreindre.

Imaginons ce qu’il adviendrait d’un établissement privé sous contrat qui s’octroierait semblable liberté : il romprait de facto son contrat avec l’Etat !

Avec le « lycée expérimental », nous avons là au contraire un établissement qui, bien que « public », foule aux pieds les principes de l’enseignement républicain : programmes nationaux, égalité des élèves devant les enseignements dispensés…

Tout cela heurte profondément notre ambition d’une éducation nationale !

Alors que reste-t-il ? que reste-t-il lorsque le savoir n’est plus, l’autorité non plus ?

Eh bien, Il reste de l’idéologie, et de la pire espèce : celle qui constamment exprime le refus de toute règle, sans lesquelles il ne saurait pourtant y avoir d’existence collective possible, et pas davantage de liberté bien comprise et véritablement vécue, celle qui, prônant une pseudo insoumission, conduit, dans les faits à se vautrer dans le plus plat des conformismes !

Et il reste aussi, aussi et surtout, la détestation de la France et le mépris de son peuple.

Rien d’étonnant dès lors que « l’éducation » qu’on dispense au « lycée XP » conduise tout droit à l’ « antiracisme », dont on sait qu’il est l’alibi moral du mondialisme qui broie les peuples et sape leur bien-être social.

Alors bien sûr, au « lycée expérimental », on fait de la défense des clandestins une cause éducative majeure – les clandestins, ceux qu’on désigne par la douce périphrase de « sans papiers ». Alors que notre pays n’en peut déjà plus de son immigration légale, les lycéens expérimentaux, sous la bienveillante houlette de leurs enseignants, soutiennent l’immigration sauvage et illégale qui contrevient aux lois de la République, échappe à tout contrôle de la puissance publique et participe à l’effondrement social du peuple.

Rien d’étonnant non plus qu’au « lycée expérimental » on fasse, soyons fous, l’apologie du terrorisme.

En avril dernier, le « lycée expérimental » fut le théâtre d’une projection suivi d’un débat autour d’un groupe terroriste anarchiste espagnol (les GARI, Groupes d’action révolutionnaire internationalistes) des années 70, en présence des auteurs d’un livre consacré à ce mouvement…

Et il n’est pas plus étonnant que l’une des activités les plus courues par les jeunes gens du « lycée expérimental », recevant, n’en doutons pas, la bénédiction complice de leurs enseignants, consiste à arracher les affiches de notre mouvement politique — sans doute, une « activité éducative » elle aussi — et à proclamer leur détestation de tout ce qui est patriote.

L’inquiétant quand on ouvre le dossier du « lycée expérimental », c’est qu’on y trouve un concentré, à la fois :

– de ces vieilles lunes sorties en droite ligne de Mai 68 qui, mauvaises fées, ont inspiré tant de réformes, ces réformes qui ont organisé le naufrage de notre système d’enseignement (l’autogestion, « l’élève au centre »…),

– un concentré aussi de ce qui menace aujourd’hui l’Ecole, pensons par exemple au projet de suppression des notes qu’on nommera par, euphémisme techno, la « redéfinition des pratiques d’évaluation »,

– un concentré aussi de ce que sera, n’en doutons pas, l’Ecole de demain, si nous ne devions pas arriver aux responsabilités pour mettre en œuvre une politique de redressement du système s’inscrivant dans le cadre plus large du redressement national : qu’on pense simplement à l’ultra-individualisation des parcours scolaires.

Alors oui, et à Saint-Nazaire tout particulièrement,  le Collectif Racine dénonce cette anomalie, cette aberration !

Il entend la désigner comme l’exact contre-modèle de ce que l’Ecole doit être,

de cette Ecole dont la France et sa jeunesse ont besoin !

de cette Ecole que nous reconstruirons, car c’est d’elle dont dépend à la fois le bien individuel de chaque jeune de France et le bien collectif de la Nation !

Le Collectif Racine veut une Ecole qui soit le lieu de la transmission du savoir, et des savoirs fondamentaux d’abord, dès l’école primaire, enseignés selon des méthodes éprouvées !

Le Collectif Racine veut une Ecole où ces enseignements soient définis par des programmes nationaux, garants d’égalité, il veut une école fondée sur l’autorité des maîtres, elle-même fondée sur le savoir, et donc une école du respect, de la sérénité et de la sécurité, qui ainsi permette à chaque enfant, à chaque jeune de France, selon ses talents et ses mérites de trouver sa juste place dans la société !

En un mot, il veut pour ces enfants et ces jeunes l’exact opposé du « lycée XP », en d’autres termes, une Ecole authentiquement républicaine !

Les commentaires sont fermés.