Tribune de Yannick Jaffré, président du Collectif Racine : « Attentats : l’innommable porte un nom »

Tribune de Yannick Jaffré, président du Collectif Racine : « Attentats : l’innommable porte un nom »

Après l’effroi et le deuil provoqués par les attentats, il faut revenir à la pensée et vite, d’urgence, à l’action politiques. Passé le temps du recueillement, le Collectif Racine voudrait jeter quelques sondes éclairantes dans les eaux noires de la violence. Car c’est sa vocation même : rassemblant les professeurs patriotes, il promeut une culture de la raison trempée dans l’histoire de France. Quand la patrie est attaquée, un enseignant peut joindre la lame du concept à l’arsenal commun. A l’exemple de Platon qui, jetant les fondements philosophiques de notre culture, commençait par le commencement : bien nommer les choses.

Or, l’événement est recouvert par une vague d’émotion naturelle mais aussi, surtout, par un discours qui essaie de lui retirer son nom.
Ainsi le président de la république, ses ministres, les journalistes, certains manifestants et la plupart des chefs d’établissements, le mien compris, ont-ils dénoncé dans leurs interventions la « haine », l’« intolérance » et la « barbarie » en général. Laurent Fabius a même préconisé ce dimanche qu’on évitât le terme « islamisme » pour lui préférer « terrorisme ». Le ministre des affaires étrangères récidive en la matière, ayant déjà promu « Daesh » au lieu d’« État islamique ». Une telle proscription dans les mots empêcherait les « amalgames » ou les « stigmatisations » dont les musulmans risqueraient d’être victimes.

Mais si les mots ont un sens, et les choses un nom, c’est bien l’islamisme qui a frappé la France semaine dernière. Les auteurs des attentats ne sont pas des « déséquilibrés », des « loups solitaires » ni des « barbares » sortis de nulle part. Ils appartiennent à un mouvement islamiste mondial ; ce courant prospère dans notre pays sur le terreau du communautarisme ethno-confessionnel musulman ; lequel est lui-même alimenté par une immigration de masse venue d’Afrique et du Maghreb.
A travers les policiers, la rédaction de Charlie Hebdo, les clients du supermarché casher, c’est bien la France comme nation qui était prise pour cible. Ses agresseurs sont des individus nés sur son sol, ayant bénéficié des largesses de son système social, titulaires de la nationalité française. Si les mots ont un sens, et les choses un nom, ils ne sont pas des « Français comme vous et moi » mais des Français de papiers et de détestation.
Nous professeurs, souvent aux avant-postes du réel dans les « territoires perdus de la république », pouvons le mesurer mieux que quiconque : leur haine de la France n’est pas un phénomène isolé. Certains témoignages d’enseignants ont, pour une fois, percé l’écran des médias mainstream. Ils rapportent les réactions devant l’événement d’un grand nombre d’élèves de confession musulmane. Elles vont d’une hostilité franche, simpliste et brutale au moment de la minute de silence marquant le deuil national à des discours manifestant une parfaite maîtrise des éléments de langage diffusés par le militantisme islamiste : justification des attentats comme réponse à l’offense commise par les caricaturistes de Charlie Hebdo ; soumission de la liberté d’expression au devoir de respecter les croyances religieuses ; comparaison avec l’affaire Dieudonné ; dénonciation d’une compassion à géométrie variable selon que les victimes sont palestiniennes, juives ou françaises. Bien des professeurs peuvent se trouver démunis face à ce discours bien rôdé qui, comportant des éléments défendables pris isolément, exprime en totalité une évidente sécession identitaire.
Qu’on s’en avise en effet : les islamistes trouvent dans une part importante de la population musulmane communautarisée une base arrière, morale sinon logistique, soudée par une vision du monde cohérente. Les faits qui l’attestent sont récurrents, massifs et têtus. Ils gênent la « statistique », reprise à l’envi dans les médias, selon laquelle « 99% de la population musulmane » désapprouverait les attentats sans réserve ni restriction. Comme un Jean-Jacques Bourdin dont le silence gêné devant le témoignage d’un collègue vaut toutes les démonstrations (https://www.youtube.com/watch?v=K4jXxrM0hg4), les « élites » découvrent ce que les professeurs expérimentent au quotidien : la réalité est politiquement incorrecte.

Il n’appartient pas au Collectif Racine de détailler les indispensables mesures qui, dans les domaines juridique, politique, social, international, permettraient de combattre l’islamisme avec le communautarisme. Il lui revient en revanche d’indiquer celles qui le feraient reculer à l’école, creuset de la nation : rétablissement de l’autorité des maîtres et du savoir ; valorisation de l’histoire nationale qui donne profondeur et consistance aux valeurs républicaines ; relance volontariste du processus d’assimilation ; application d’une laïcité sans tremblements ni concessions contre toutes les revendications ethno-religieuses alimentaires, calendaires, vestimentaires et langagières.
Car j’y reviens, pour finir : la mollesse dans les mots exprime celle des caractères, d’où ne peuvent dériver que l’inaction et la complaisance. A cette enseigne, les discours anti-racistes estampillés « années 1980 » exaltant la tolérance, le « vivre-ensemble », l’accueil de l’« autre » dans une république devenue société multiculturelle, ces discours possèdent contre le communautarisme autant de force qu’une chanson de Pierre Perret contre une division d’infanterie. Pour l’affronter, pour combattre la menace islamiste, qu’on commence par nommer les choses avec la précision, la virilité et la détermination du soldat-philosophe Descartes. Qu’on renoue aussi avec cet esprit français, critique, irrévérencieux, iconoclaste que les islamistes ont cru atteindre chez Charlie Hebdo car, en France plus qu’ailleurs, le politiquement correct nuit gravement à la santé nationale.

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