Analyse du Collectif Racine-44 : « Améliorer la scolarisation des enfants en situation de handicap »

Analyse du Collectif Racine-44 : « Améliorer la scolarisation des enfants en situation de handicap »

Améliorer la scolarisation des enfants en situation de handicap

Image_AVS

Les familles des personnes en situation de handicap sont dès les premiers instants de leur parentalité stigmatisées, parce qu’elles ont un enfant « hors norme ». Donc, avoir une réponse d’accompagnement en milieu spécialisé est un premier pas pour leur bien-être et celui de l’enfant.

Si la réponse peut se trouver dans le système scolaire traditionnel, alors les parents n’en sont que plus libérés, surtout lorsqu’il y a une réelle et sérieuse prise en charge sur le plan pédagogique, comprenant des professionnels dûment formés aux spécificités du handicap.

Cela peut très bien se passer, comme c’est le cas dans certaines écoles primaires. Les enfants ne souffrant pas de handicap y sont sensibilisés dès le plus jeune âge, les autres sont accompagnés de manière spécifique par des professionnels très bien formés.

Mais, les besoins liés au handicap grandissent au fur et à mesure de l’avancée en âge et, surtout, au moment du passage du primaire au secondaire.

– Le système d’enseignement change (l’enfant n’a plus un instituteur mais plusieurs professeurs).

– La méthode pédagogique change également (on demande aux enfants d’être plus autonomes).

Pour l’enfant en situation de handicap, cela demande un temps d’adaptation beaucoup plus long que pour les autres enfants. Dans un collège conventionnel, cela peut bien se passer sous certaines conditions :

– qualité des accompagnateurs spécialisés ;

– qualité de concertation des divers professionnels ;

– qualité des infrastructures ;

– qualité du matériel pédagogique adapté.

A l’origine, les classes Ulis (Unité Localisées pour l’Inclusion Scolaire) ont été mises en place comme une « réponse adaptée aux besoins de certains élèves en situation de handicap » au niveau des collèges. La loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées pose le principe de scolarisation prioritaire des élèves handicapés en milieu scolaire ordinaire, la scolarisation en milieu spécialisé étant l’exception.

On constate que : « À la rentrée scolaire 2014, 260 000 élèves en situation de handicap sont scolarisés en milieu ordinaire. En 8 ans, ce nombre d’élèves a doublé et il continue d’augmenter chaque année de plus de 10%. ».

La situation de handicap étant mieux reconnue, il semble plus que légitime et judicieux de favoriser l’inclusion de ces élèves afin d’améliorer leur entrée dans le monde du travail.

Sauf que l’application de ce projet est bien éloignée de ce qui est écrit…

A la base, chaque classe Ulis doit donner une réponse à un type de handicap bien précis :

L’intitulé des Ulis correspond à une réponse cohérente aux besoins d’élèves handicapés présentant des :

– TFC : troubles des fonctions cognitives ou mentales (dont les troubles spécifiques du langage écrit et de la parole) ;

– TED : troubles envahissants du développement (dont l’autisme) ;

– TFM : troubles des fonctions motrices (dont les troubles dyspraxiques) ;

– TFA : troubles de la fonction auditive ;

– TFV : troubles de la fonction visuelle ;

– TMA : troubles multiples associés (pluri-handicap ou maladie invalidante).

Mais sur le terrain, les restrictions budgétaires entraînent des classes Ulis qui multiplient les différents handicaps, au détriment même du bien-être de chaque enfant.

Alors que l’on promet aux parents «un dispositif collectif au sein duquel certains élèves handicapés se voient proposer une organisation pédagogique adaptée à leurs besoins spécifiques et permettant la mise en œuvre de leurs projets personnalisés de scolarisation», on peut trouver dans les classes Ulis non seulement plusieurs types de handicap qui nécessitent des accueils particuliers mais en plus, ces classes sont souvent implantées dans des établissements en zone d’éducation prioritaire.

Pourquoi un tel choix ? Comment imaginer que, dans des établissements accumulant les difficultés scolaires, sociales et avec souvent de la violence, des élèves en situation de handicap puissent y trouver un cadre serein et épanouissant ? Mais les raisons d’un tel choix reposent sur le principe suivant : en créant des classes Ulis, les adaptations mises en place pour ces élèves en situation de handicap peuvent être utilisées pour les autres élèves…

On peut lire dans la loi n° 2005-102 du 11 février 2005  : « Tous les élèves de l’Ulis reçoivent un enseignement adapté de la part du coordonnateur, pas nécessairement au même moment, que cet enseignement ait lieu en situation de regroupement ou dans la classe de référence. En outre, le coordonnateur organise le travail des élèves handicapés dont il a la responsabilité en fonction des indications portées par les PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation) et en lien avec l’ESS (Equipe de Suivi de la Scolarisation). Enfin, s’il n’a pas prioritairement vocation à apporter un soutien professionnel aux enseignants non spécialisés, il constitue cependant pour l’établissement une personne ressource indispensable. Une attention particulière est également portée à ce que les élèves de l’Ulis bénéficient, lors de la passation des contrôles et des évaluations, des aides et aménagements adaptés à leur situation »

Alors de deux choses l’une : ou bien le gouvernement considère les élèves de ZEP comme des élèves ayant les même besoin que ceux en situation de handicap, ou bien le gouvernement méprise les besoins spécifiques des élèves en situation de handicap !

Tant que la situation des établissements en zone d’éducation prioritaire n’est pas apaisée, il me semble aberrant, voire méprisant pour les élèves en situation de handicap et leurs parents, de leur proposer une telle solution.

Alors que les classe Ulis ont été pensées pour « que le nombre d’élèves scolarisés au titre d’une Ulis ne dépasse pas dix », ce nombre est souvent plus élevé. Il est donc évident que le coordinateur de la classe Ulis ne peut, dans ces conditions, faire toutes les adaptations nécessaires aux besoins particuliers de ces élèves. Les enfants en situation de handicap seront en double difficulté (handicap + accompagnement de moins en moins présent). Le corps enseignant sera acculé devant tant de disparités de ses élèves et il ne pourra faire son travail correctement. Bref, personne ne s’y retrouve !

Les enfants en situation de handicap se retrouvent donc en sureffectif, en éducation prioritaire avec de belles promesses qui ne peuvent être tenues !

Toutes ces circonstances conduisent à l’échec, d’une manière ou d’une autre.

Donc, pour l’enfant en situation de handicap, ce n’est pas adapté et pour ses parents, le constat est relativement simple : une plus grande détresse parce qu’il sera exclu pour la énième fois d’un système dit « normal ».

Évoquons enfin la précarisation des Auxiliaires de Vie Scolaire. Devant cumuler 6 CDD d’une durée d’un an avant de pouvoir prétendre à un CDI, les CDD ne sont que des temps partiels, généralement inférieurs à 24h par semaine, payés au SMIC. La Maison Départementale des Personnes Handicapées distille au compte-gouttes des heures de suivi auprès des élèves reconnus handicapés, à peu près 8 heures par semaine. Or, souvent, ces enfants ont besoin de plus d’heures d’accompagnement et les AVS ont besoin de plus d’heures de travail ! Sans oublier l’absence de formation pour les AVS.

Faut-il comprendre que la prise en charge de handicaps multiples ne nécessite pas une formation particulière ? Ou bien plutôt que les restrictions budgétaires pèsent dramatiquement sur l’accompagnement des personnes handicapées ?

Le Collectif Racine section Loire Atlantique

Stéphanie Sutter, conseillère municipale Saint-Nazaire

Les commentaires sont fermés.