La rentrée de tous les enfumages
Cette rentrée 2015 annonce l’amplification du désastre frappant notre système scolaire. Elle est tout autant celle de tous les enfumages. En premier lieu, elle prélude à la mise en application de la catastrophique « réforme du collège » qui impliquera une amputation sans précédent des horaires dédiés aux fondamentaux, au profit de ces gadgets pédagogistes («accompagnement personnalisé», «enseignements pratiques interdisciplinaires»…) condamnant les élèves à apprendre toujours moins, alors que 20% d’entre eux ne maîtrisent, à l’entrée en sixième, ni la lecture, ni l’écriture, ni le calcul. Quant aux programmes qui encadreront les enseignements dispensés par le «nouveau collège», rien n’est encore arrêté à leur sujet.
Ce qui caractérise cette rentrée, c’est, de façon générale, l’amateurisme d’un ministère inspiré, semble-t-il, par ses seules lubies idéologiques, lors même qu’il préside, pour l’heure du moins, aux destinées de l’Ecole de la République. Par souci de dissimuler l’échec scolaire, le redoublement devient à présent « l’exception » quand, dans le même temps, aucune remédiation sérieuse aux difficultés rencontrées par de nombreux élèves n’est mise en œuvre. Pareillement, la possibilité pour ceux ayant échoué au Bac de ne repasser que certaines matières, projet lui aussi inspiré par cette idéologie organisant l’effondrement du niveau d’exigence, n’a pourtant pas dépassé le stade de simple annonce, laissant tout le monde dans le flou.
Mais, c’est l’ «Enseignement Moral et Civique» (EMC) qui est au plus haut point emblématique de la politique scolaire conduite par ce gouvernement, où se mêlent aveuglement idéologique et amateurisme complet. Imposé à la hussarde du CP à la Terminale, cet «enseignement» n’est lui non plus encadré par aucun texte réglementaire précis. Cela suscite une inquiétude légitime quant aux contenus qui seront enseignés, à plus forte raison sous l’égide d’un ministre qui, apprenait-on, nourrit le projet de convier, dans les salles de classe, les familles d’élèves étrangers à parler leurs langues, afin que les enfants s’imprègnent, dans la joie du «vivre-ensemble», de cette «diversité»… Voilà donc la réponse que le ministre entend apporter au délitement communautariste de notre société, l’«EMC» étant à l’Ecole, ce que le site «stop-djihadisme» est au renseignement antiterroriste : un enfumage de plus, dissimulant à peine les faiblesses et les renoncements de l’Etat.