Le Collectif Racine à l’UDT du Front National (Marseille, 14 et 15 septembre)

Le Collectif Racine à l’UDT du Front National (Marseille, 14 et 15 septembre)

Yannick Jaffré, secrétaire du Collectif Racine et trésorier de Patrie et Citoyenneté, intervenait à l’Université d’été du Front National qui se tenait à Marseille les 14 et 15 septembre. Il participait le dimanche 15 septembre de 11h00 à 11h45, avec Joëlle Melin et l’Amiral Waquet, à une table ronde portant sur le thème : « Services publics et souveraineté de l’État ».

Voici le texte de son intervention :

Il nous est demandé de réfléchir aujourd’hui aux relations entre les services publics et la souveraineté nationale. Mais nous savons que l’Hôpital, l’Armée et l’Ecole sont plus que des services publics. Elles sont les institutions de la nation même, celles dont dépendent sa souveraineté territoriale, sa constitution morale et matérielle, la force de son esprit. Et si être souverain, c’est être soi, la défense, la santé et l’éducation sont les forges de la souveraineté.

Je précise au passage que je ne réserve pas à l’Ecole le soin de l’âme nationale. L’Armée défend le territoire, la médecine soigne la population, mais elles façonnent toutes deux en profondeur la personnalité de la France. Celle-ci doit à ses armes la grandeur de son destin, certains de ses grands hommes, et son savoir-faire militaire jouit d’une réputation mondiale. De même la médecine contribue-t-elle depuis deux siècles au moins, et jusqu’à aujourd’hui, au rayonnement de la France. A la fois comme fleuron de son génie scientifique et par la générosité, aujourd’hui bien mal ordonnée, de son système de soins. Quant au prestige de la médecine militaire, il est si grand que certains chefs d’État qui n’ont par ailleurs pas de mots assez durs contre la France viennent régulièrement se faire soigner à l’hôpital militaire du Val de Grâce. Nous attendons leurs remerciements publics.

L’Ecole, elle aussi, a longtemps participé à la grandeur nationale. Elle fut un modèle imité de par le monde, de l’Amérique latine à l’Asie, et le foyer de réalisations littéraires, intellectuelles et scientifiques considérables. Elle est l’objet depuis plus de trente ans d’une offensive mondialiste qui vise à la déposséder d’elle-même, de sa rigueur et de ses traditions.

 

Je ne remonterai pas dans le détail l’histoire de cette offensive. Ceux qui seraient intéressé à la connaître trouveront toutes les références nécessaires, dans les mois qui viennent, sur le site du Collectif Racine que je présenterai à la fin de notre table ronde.

Disons pour aller vite que dans cette entreprise euro-mondialiste, la conception est libérale anglo-saxonne et la promotion gauchiste. Quant à l’exécution, elle est assurée depuis trente ans par des gouvernements UMPS qui trahissent systématiquement l’intérêt national. Ils n’ont ni l’excuse, si c’en est une, des cessions de souveraineté, l’Ecole demeurant de la compétence des États, ni celle de l’ouverture au privé, l’école n’ayant pas été investie par le marché dans des proportions significatives. C’est au fond la formule chimiquement pure du mondialisme : une idéologie gaucho-libérale prospérant sur la trahison des peuples par leurs élites.

 

Quels sont les caractères et les effets principaux de cette idéologie sur l’école ?

 

L’individualisme, d’abord : on part des besoins et des choix supposés de l’élève, « au centre du système », et l’on néglige les exigences du savoir et celle d’une institution au service de la nation. Le mépris de l’autorité, qui a d’autres causes parmi lesquelles l’immigration figure en bonne place, est une conséquence inévitable de cette conception.

Le déracinement, ensuite, particulièrement perceptible dans les programmes d’histoire d’où Louis XIV et Napoléon ont disparu sous Sarkozy et De Gaulle sous Hollande, au profit, entre autres absurdités multiculturalistes, de l’empire du Mali au XIVe siècle. De même la Loi Fioraso dont l’article 2 prévoit et encourage que des cours soient dispensés en anglais à l’université manifeste une soumission à l’anglais global, le « globish », et à la vision du monde qu’il véhicule.

L’appauvrissement intellectuel, enfin, est l’aboutissement de tout ce mouvement. La baisse générale du niveau est telle qu’elle est désormais admise même par ceux qui la niaient et qui en sont responsables. Il se produit dans notre pays une désinstruction parallèle à sa désindustrialisation.

 

Alors que faire pour redresser l’école ?

 

J’indiquerai simplement quelques mesures d’urgence qui concernent les contenus d’enseignement, la question de l’autorité et l’organisation générale du système.

J’ai évoqué l’histoire : il faut renationaliser son enseignement afin que chaque écolier de France puisse s’approprier l’histoire de son pays.

De manière générale, il faut revenir à une conception classique de l’enseignement, éprouvée par l’expérience, de bon sens. Et établir la méthode syllabique partout à l’école primaire, où l’on doit en finir avec les expérimentations hasardeuses et nocives. Nos enfants ne sont pas des cobayes !

Sur le plan de la discipline, il faut la rétablir à travers des mesures de la plus grande fermeté en prononçant, par exemple, alors que ce n’est pas possible aujourd’hui, des exclusions fermes et définitives des perturbateurs les plus violents.

On pourra dans le même esprit, à l’exemple des Russes, démonétiser une partie des allocations familiales pour les convertir en des chèques uniquement consacrés aux dépenses de santé et d’éducation, et les suspendre le cas échéant devant une défaillance avérée des familles.

Concernant le cycle secondaire, il faut impérativement supprimer le collège unique en favorisant l’orientation professionnelle dès la fin de la 4e et revaloriser ces filières professionnelles par tous les moyens, et nous avons des pistes.

Après avoir ainsi désengorgé le Lycée, il sera possible de redonner au Baccalauréat une signification réelle et de rendre les licences universitaires plus sélectives.

Pour le supérieur, précisément, il faut renforcer le critère du mérite dans l’attribution des bourses d’études sur critères sociaux. On soutiendra les classes préparatoires et les grandes écoles en les ouvrant plus largement, par le mérite et non par la discrimination positive, aux élèves issus des classes populaires.

Il faut concevoir, et je parle ici sous l’impression du puissant discours d’Aymeric Chauprade que je sais n’être pas seul à éprouver, une nouvelle économie du savoir, pilotée par un État stratège, qui fixe des objectifs pertinents : entretenir, par exemple, dans les lettres et les humanités le trésor de la culture et le projeter dans le monde via la francophonie et, dans l’industrie, adapter les formations, secteur par secteur, en anticipant les relocalisations à venir. Contre une habitude d’intellectualisme dont nous devons nous défaire, et c’est un professeur de philosophie qui vous le dit, il faut promouvoir et même exalter les savoir-faire, les techniques, les artisanats. Ils sont au cœur de notre projet de réarmement politique et économique de la France.

Il nous faut parallèlement mener la lutte sur le front idéologique, en agissant sur les représentations en même temps que sur les réalités. Par exemple, nous devons reparamétrer politiquement les évaluations internationales comme le célèbre PISA qui, servant des objectifs mondialistes, éludent les contextes nationaux. Au sujet de la Finlande, régulièrement distinguée, je me souviens d’un collègue d’une bien-pensance irréprochable qui jugeait voici trois ans avec candeur que la Finlande devait sa première place d’alors au fait qu’elle n’avait pas à affronter d’immigration. J’ai failli éclater de rire, mais j’ai préféré continuer à le travailler au corps, voyant là l’indice d’une tectonique des plaques favorables à nos idées.

A cet égard, je voudrais vous faire part pour finir de l’immense espoir qui m’anime. Je crois que dans l’Ecole comme ailleurs le temps des patriotes est venu. Certains signes alimentent cet espoir. Tout d’abord durant ces trente dernières années il y a eu dans l’Ecole de belles persistances authentiquement républicaines. Je pense particulièrement à ces instituteurs qui ont résisté aux méthodes globales ou semi-globales, et qui l’ont payé cher en termes de progression de carrière. Et je pense, plus généralement, à toutes celles et à tous ceux qui ont ralenti le désastre scolaire par leur dévouement et la qualité de leur enseignement.

Et puis l’idéologie euro-mondialiste, tout l’indique, a achevé sa phase ascensionnelle. Elle n’a plus l’élan, la force d’entraînement et d’intimidation surtout qu’elle possédait au début des années 1990. Déshabillée par la réalité et le bon sens, cette idéologie apparaît pour ce qu’elle est : une force de destruction, mortifère, appauvrissante, sinistre. A l’image d’ailleurs de ceux qui la diffusent, de Taubira à Attali en passant par Copé. Car je voudrais dire, pour conclure vraiment cette fois, que si les mondialistes sont tristes et agressifs, ternes et destructeurs, nous sommes, nous patriotes, les vivants. Nous défendons à l’école la rigueur, l’autorité et la discipline mais aussi, à travers elle, une immense culture, la grande histoire d’une grande nation et l’esprit français. Or il n’y pas d’esprit plus vivant, créateur, spirituel et joyeux, capable d’humour et de rigueur, de Jean Racine à Michel Audiard, que l’esprit français.

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