Le ministre manque de rythmes !
Le gouvernement sera comptable d’un échec de plus : la réforme des rythmes scolaires. En l’espèce comme en toute autre, son incompétence est patente. Cette réforme, lors même qu’elle répondait dans son inspiration à une attente frappée du bon sens – l’étalement du temps scolaire et l’allègement de la journée de classe permettant plus d’efficacité dans les apprentissages – se révèle aussi coûteuse en moyens que pauvre en effets positifs. Ses conséquences nocives sont en revanche nombreuses : désorganisation du temps scolaire perturbant la vie des familles (dans une période où nombre d’entre elles souffrent déjà beaucoup), surcroît de fatigue et d’anxiété pour les enfants, mobilisation d’intervenants au statut mal défini, équipes débordées, nombreux problèmes de sécurité naissant de tous ces facteurs.
Face à cette réforme dont l’application consiste pour le gouvernement à se défausser sur les maires et personnels municipaux – la gestion des écoles relève des compétences municipales -, la révolte civique en cours est non seulement compréhensible, mais parfaitement justifiée. Et le Collectif Racine lui apporte son plus entier soutien ! Il salue ces maires qui, devant l’incurie gouvernementale, ne se contentent pas de mettre en place des commissions de suivi, mais refusent d’appliquer la réforme. Et il soutient la démarche des candidats du Rassemblement Bleu Marine aux élections municipales qui, s’ils sont élus, se sont engagés à surseoir, comme la loi le leur permet, à son application, jusqu’à ce que le gouvernement revienne à la raison.
Car, avant de se demander comment organiser la journée de classe, il faudrait penser rigoureusement ce qu’on y fait. Ainsi les « items d’enseignement », pour reprendre la terminologie officielle, sont-ils aujourd’hui au nombre, trop élevé, de 12. Il faut supprimer certains d’entre eux pour concentrer le travail sur l’apprentissage du français, de l’histoire et des mathématiques. Le Collectif Racine ne voit pas dans l’étude des sciences naturelles, de l’informatique et de l’anglais, une priorité pour l’école primaire. Les professeurs des écoles passent 950 heures par an devant élèves contre 800, en moyenne, dans les autres pays européens. La seule question qui vaille est de savoir ce qu’on enseigne, et comment. Augmenter le volume officiel des heures de français ne servira à rien si on les consacre à l’ORL (Observation Réfléchie de la Langue) plutôt qu’à la grammaire ; augmenter ceux de l’histoire ne sera pas plus bénéfique si son enseignement est « spiralaire » et non chronologique, son contenu « mondial », et non national. Mieux répartir le temps scolaire, c’est important, bien l’employer, c’est primordial !