Les syndicats de l’éducation trahissent l’école de la République !
Le Comité Technique Ministériel du 27 mars dernier devait se prononcer sur le projet de décret porté par Vincent Peillon et redéfinissant les statuts et obligations de service des enseignants. Ces statuts, rappelons-le, étaient jusque-là définis par les décrets du 25 mai 1950. Le Collectif Racine, anticipant la menace, a plusieurs fois pris position sur cette question cruciale, notamment par voie de communiqué de presse, le 28 février. A travers la récriture des décrets de 1950, il s’agit d’accentuer la territorialisation de l’Education nationale, d’augmenter le temps de travail des enseignants (sans augmentation de salaire), et de dissoudre leur mission d’instruction en introduisant au nombre de leurs obligations de service des « missions liées à l’activité d’enseignement » et des « missions complémentaires » n’ayant plus rien à voir avec celle de transmettre le savoir.
Nous avons déjà souligné que ce projet de décret répond d’une part aux orientations imposées par les politiques de l’Union Européenne conduisant à un désengagement croissant de l’Etat au profit des « territoires », désengagement menaçant en l’espèce l’unité de l’Ecole de la République et consacrant la fin de l’égalité des élèves devant les enseignements dispensés. Il répond aussi aux politiques d’austérité salariale imposées par Bruxelles, dont il constitue, dans le prolongement du gel du point d’indice imposé depuis 2010, le moyen d’application à ces fonctionnaires de l’Etat que sont les enseignants. Il implique enfin que l’Ecole, largement déjà entravée dans sa mission d’instruction, se détourne un peu plus encore de ce qui constitue pourtant sa fonction essentielle, l’ « activité d’enseignement » des professeurs devenant une tâche parmi d’autres.
A l’occasion de ce Comité Technique Ministériel devant prendre position sur une question aussi cruciale que celle des statuts, le Collectif Racine n’a pas manqué de considérer avec la plus grande attention le détail du vote des organisations syndicales. Si nous savons réfléchie et sincère l’opposition au projet ministériel affichée par le syndicat Force Ouvrière, auquel nous n’hésitons pas, conformément à ce que nous avions annoncé, à apporter notre soutien, nous dénonçons en revanche et avec la plus grande vigueur le positionnement du SNES-FSU, syndicat largement majoritaire qui, en sachant, selon une stratégie éprouvée, jouer de l’abstention, a donné son aval au projet de décret. Ainsi le SNES, une fois encore, donne-t-il à sa base l’illusion de servir ses intérêts, alors que, dans les faits, il s’associe au SE-UNSA et au SGEN-CFDT, ces organisations ayant consciencieusement, et depuis des décennies, accompagné la destruction de l’Ecole de la République !
Le Collectif Racine accuse donc, non seulement le SE-UNSA et le SGEN-CFDT, mais surtout, et une nouvelle fois, le SNES-FSU de se faire complices de ces politiques profondément délétères décidées par des instances supranationales sans légitimité démocratique aucune, dont les gouvernements français successifs se font, souveraineté abandonnée, les exécutants serviles. Le Collectif Racine accuse le SNES de trahison à l’égard de sa base, à l’égard des intérêts du corps enseignant tout entier, de ceux de l’Ecole républicaine et, donc, de la nation ! Il se trouve partant conforté dans sa conviction de ce qu’il n’y a strictement rien à attendre des organisations syndicales en vue du redressement de l’Ecole qu’il appelle de ses vœux, puisqu’elles en orchestrent au contraire le déclin. Ce nécessaire redressement n’interviendra que « par le haut », sous la condition politique d’un Etat restauré dans sa souveraineté et son indépendance, qui saura le mettre en œuvre. Tel est tout le sens de notre engagement !