Allocution d’Alain Dubreuil, secrétaire de la section de Paris (Paris, 20 juin 2014)

Allocution d’Alain Dubreuil, secrétaire de la section de Paris (Paris, 20 juin 2014)

‘….à la suite de l’intervention de Monsieur Alain AVELLO, secrétaire général du Collectif Racine)

 

Alain AVELLO nous a très bien décrit les origines et les objectifs du Collectif Racine, et j’accepte avec plaisir le poste de secrétaire de la section parisienne du Collectif Racine. Je réalise qu’un travail important m’attend, vu le nombre d’établissements scolaires de Paris, et croyez bien que je ferai le maximum afin que notre section parisienne soit dynamique et atteigne au mieux les objectifs du Collectif.

En effet, les systèmes éducatifs des pays développés sont évalués régulièrement par des études internationales, dont :

–        Le classement PIRLS, qui évalue tous les 5 ans les compétences en lecture des élèves de 9 à 10 ans

–        Le classement PISA (Programme international de suivi des acquis), établi par l’OCDE en 2000, qui évalue tous les 3 ans les compétences des élèves en fin d’obligation scolaire, entre 15 et 16 ans, dans différents domaines (compréhension de l’écrit, culture mathématique et culture scientifique)

Le classement PISA, dont le dernier date de 2012, est devenu la référence mondiale, bien qu’il soit critiquable car il n’évalue pas la somme des connaissances acquises, mais plutôt le capital cognitif, c’est-à-dire la capacité de mettre en œuvre le savoir acquis. D’autres parts, c’est un classement mondialiste, qui ignore les spécificités nationales.  C’est cependant un instrument intéressant car il permet de situer notre système éducatif par rapport à celui  des pays qui ont participé à cette étude (les 34 pays de l’OCDE ainsi que 31 autres pays).

En 2003, la France faisait partie des bons élèves de l’OCDE, mais le dernier classement PISA  indique que globalement, la France a  régressé, perdant encore deux places, et passant de la 23ème place en 2009 à la 25ème place en 2012.  Ce n’est pas très honorable pour la 5ème puissance mondiale !

 

 

En particulier,

–        Pour les mathématiques, la France se situe au 25ème rang (derrière le République Tchèque, le Vietnam…) perdant 3 places par rapport au classement de 2009

–        Pour la compréhension de l’écrit, la France reste au 21ème rang, derrière le Vietnam, l’Estonie…

–        Pour la culture scientifique, la France se situe au 26ème rang (derrière la Lettonie, la Belgique…) perdant 1 place par rapport au classement de 2009.

En plus de ce décrochage global, le fossé se creuse en France entre les « très bons » et les « très mauvais » élèves. Ainsi entre 2000 et 2012, le pourcentage d’élèves très performants  est passé de 9% à 13%, mais le pourcentage d’élèves peu performants est passé de 15% à 19%. C’est d’ailleurs une des raisons de ce décrochage, car en fait notre système éducatif est très bon pour former des élites, et il faut absolument maintenir l’excellence et la culture du mérite dans les classes préparatoires, les grandes écoles et l’université, ce qui n’est pas le projet éducatif du gouvernement. Quant aux élèves moyens ou peu performants, trop peu est fait pour améliorer leur niveau, et l’instauration du collège unique a aggravé la situation, en nivelant les niveaux vers le bas.

Cependant il serait possible d’inverser la situation car certains pays tels que l’Allemagne, la Hongrie, le Portugal… ont mis en œuvre des dispositifs pour repérer rapidement les élèves en difficulté et leur apporter un soutien, ce qui a réduit les écarts entre bons et mauvais élèves, et leur a permis de progresser dans les classements PISA successifs (par exemple l’Allemagne est passée de la 20ème à la 16ème place)

Après avoir longtemps nié les réalités, nos gouvernants ont enfin pris conscience du problème, et confirment officiellement que le classement PISA 2012 (le dernier en date) est « préoccupant »…

La réponse logique à cette situation serait évidemment celle que préconise le Collectif Racine pour redresser le système éducatif, par exemple en sortant du collège unique, en revalorisant les filières professionnelles, en interdisant les expériences pédagogiques dogmatiques nuisibles aux élèves…  Mais  le gouvernement a préféré se lancer dans la « refondation de l’école », avec entre autres mesures, la fameuse réforme des rythmes scolaires, qui suscite de nombreuses polémiques, étant critiquée par les élus, les enseignants et les parents d’élèves et qui a donné lieu à de nombreuses manifestations.

Il s’agit d’une « fausse bonne réforme »… En effet, l’étalement du temps scolaire et l’allégement de la journée de classe devraient théoriquement permettre plus d’efficacité dans les apprentissages.  Mais, cette réforme qui concerne uniquement les écoles maternelles et élémentaires gérées par les communes, se révèle difficile à appliquer et très couteuse tant pour l’Etat que pour les communes – par exemple pour une commune moyenne de 50 000 habitants, les frais engendrés par l’embauche d’intervenants pour les activités périscolaires se monteront à environ 350 000 euros par an, dont seulement 200 000 euros seront couverts par le « fond d’amorçage », c’est-à-dire la contribution de l’Etat. Le reste, 150 000 Euros sera à la charge de la commune, et devra provenir soit d’une augmentation des impôts locaux, soit de la contribution financière des parents, soit d’économies à réaliser dans le budget de la commune. Est-ce bien raisonnable en cette période de crise? Cette contribution de l’Etat sera reconduite pour la rentrée 2015, mais sans garantie pour les prochaines rentrées scolaires !

La réforme initialement instaurée par le Ministre  PEILLON (9 demi-journées par semaine, dont 5 demi-journées consacrées à l’apprentissage et 3H d’activités périscolaires devant être organisées par les municipalités) s’est donc révélée difficilement applicable et trop couteuse, entraînant la grogne des élus, des enseignants et des parents d’élèves. Le nouveau ministre de l’éducation, Benoit HAMON, a alors assoupli les conditions d’application de cette réforme, permettant entre autre de bloquer ces activités périscolaires en une demi-journée.

Sur 24000 communes ayant au moins un établissement scolaire, seules 4000 ont appliqué cette réforme à la rentrée 2013,  beaucoup ayant voulu « plaire » au gouvernement. Les autres communes devront obligatoirement l’appliquer à la rentrée 2014, sous peine de sanctions, mais chaque commune propose des activités différentes, des horaires différents, avec des intervenants (même des bénévoles ou du personnel communal) au statut non défini, et ces projets d’activités périscolaires doivent être validés par l’Inspecteur d’Académie. C’est donc une gabegie complète et d’ailleurs 5% des communes refusent totalement d’appliquer cette réforme, certaines  indiquant qu’elles n’en n’ont pas les moyens !

Avant d’imposer une telle réforme, il aurait fallu penser d’abord aux activités que l’on aurait pu inclure durant le temps libre ainsi dégagé, et ceci dans l’intérêt des enfants (pourquoi pas du soutien scolaire, des activités culturelles liées aux patrimoines municipaux ou à l’histoire locale…), tout en dégageant les moyens financiers nécessaires pour la mettre en œuvre.

Le Collectif Racine apporte son soutien entier aux communes qui refusent cette réforme si controversée.

Les commentaires sont fermés.