Du rien en général, et du numérique en particulier
A en croire la solennité qui entoure de telles proclamations, la panacée aux maux dont souffre l’Ecole est là, c’est chose certaine : son besoin le plus pressant réside dans la mise en œuvre d’un « grand plan numérique » qui, à l’horizon 2016, conduira tous les collèges à entrer dans une nouvelle ère. C’est ce qu’à plusieurs reprises a proclamé François Hollande, notamment lors de sa conférence de presse de la semaine dernière, et qu’encore, dans la cour de l’Elysée, a repris en écho le ministre Vallaud-Belkacem.
L’informatique, le numérique, la belle affaire ! Voilà ce qu’invoquent et sacralisent, depuis plus de trente ans, ceux qui, ayant abdiqué toute ambition pour l’Ecole, en viennent à confondre les moyens et les fins, le numérique se trouvant élevé de simple outil au rang de fin en soi. Encore le « plan informatique pour tous » (IPT) des années 80 contribuait-il au soutien de l’industrie nationale — c’était le temps où les écoles s’équipaient d’ordinateurs Thomson. Au contraire, la généralisation du numérique en milieu scolaire répond aujourd’hui à la logique mondialiste requérant cette déterritorialisation des enseignements préfigurée par les MOOC (Massive Open Online Course).
Que l’Ecole, pour autant que cela soit utile, doive intégrer les nouvelles technologies à titre de moyens éducatifs et d’enseignement, chacun en conviendra. Mais, quand rien n’est dit, ni fait concernant l’essentiel — les contenus, les méthodes, la sérénité nécessaire pour apprendre —, présenter le numérique comme panacée aux difficultés que connaît notre système scolaire constitue l’indice parfaitement clair d’un double renoncement : celui de l’Ecole à remplir ses missions essentielles et celui d’une nation à assurer son avenir à travers l’instruction qu’elle dispense.
Le fond erreur de frappe
Le but est perverti si les moyens ou le comment ne sont pas adaptés, le font ne va pas sans la forme