La transmission des valeurs républicaines
par Jean Philippi
Les attentats de janvier ont réveillé nos élites pendant quelques instants sur les profondes fractures d’une société française qui a mis si longtemps à s’unifier. Quelques instants avant qu’elles ne s’emparent honteusement de cette opportunité pour vitrifier toute velléité de débat politique au risque de passer pour le briseur de l’esprit du 11 janvier. Tout le monde au garde à vous ! Au milieu de la mise en accusation du peuple français responsable d’engendrer de tels monstres,le débat sur la perte des valeurs républicaines a timidement émergé . Ces mêmes élites médiatiques et politiques ne se posent pas la question sur le rôle qu’elles ont joué depuis plus de 40 ans pour déconstruire ces valeurs républicaines au nom de la modernité. Même l’expression semble vidée de son sens au profit d’une idéologie souvent contraire . On retrouve la même dialectique que pour le socle commun devenu le cheval de Troie des disciples de Meirieu .
Des brillants esprits du ministère est apparue la solution : ces valeurs de la République devraient être enseignées directement, au même titre que la sécurité routière ou la prévention des conduites à risques, comme le tabac. Avec la même efficacité probablement en constatant le nombre d’élèves qui fument aux abords des établissements scolaires….
Il ne semble pas venu à l’esprit de nos « experts » que la fréquentation des grands textes et des grandes œuvres a bien fonctionné pendant des décennies, notamment pour eux . Des générations de Français ont intégré inconsciemment les valeurs républicaines en baignant dans la littérature et grâce à l’enseignement de l’histoire et de la grandeur de la France .Voilà un vrai chantier pour l’éducation nationale :remettre la transmission des connaissances au centre du système, ce qui a toujours été le moyen de transmettre ces valeurs de la république. Avec l’oubli de la fin est aussi venu l’oubli des moyens. Ce double oubli est à l’origine du changement de sens de l’école qui ne construit plus des citoyens français mais forme des producteurs/consommateurs hors sol.
