Comment mettre fin aux « zones scolaires de non-droit » ? Les Formations – FNJ Loire-Atlantique Nantes, 5 mars 2016
Chers amis,
Je tiens tout d’abord à remercier pour son invitation Arnaud de Rigné, responsable départemental jeunesse, qui procède avec vigueur à la reconstruction du FNJ de Loire-Atlantique.
C’est dans la perspective de redonner toute sa place, dans ce département de Loire-Atlantique, au Front National de la Jeunesse, qu’il propose notamment, dans le cadre des « forums FNJ », des formations de haute tenue : vous receviez ainsi, il y a un peu plus d’un mois, les responsables nationaux du Collectif Mer et Francophonie, qui nous ont proposé de brillantes et instructives interventions sur l’identité nationale, la langue française, et son rayonnement.
C’est aujourd’hui notre ami Jordan Bardella que nous accueillons. Jordan est Conseiller régional d’Ile-de-France, et il préside le tout récent Collectif Banlieues patriotes. Je le remercie de nous faire le plaisir et l’honneur de sa présence, aujourd’hui à Nantes !
C’est donc deux collectifs que le Front National de la Jeunesse de Loire-Atlantique reçoit en moins de deux mois, et, ce faisant, il leur donne toute la place qui leur revient : « think tanks » du mouvement patriote, les collectifs ont en effet vocation à participer activement à l’élaboration d’un projet de gouvernement, et ils seront à ce titre placés au cœur de la campagne présidentielle ; ils ont aussi pour mission de répandre les idées patriotes au sein de la société civile, en se distinguant par leur hauteur de vue, la pertinence de leurs analyses, le bien-fondé et le bon sens des propositions qu’ils élaborent ; ils ont enfin vocation, en s’adressant à nos responsables et militants, à contribuer à élever leur niveau d’analyse et de réflexion sur l’ensemble des thématiques que nous ne saurions laisser aux autres.
C’est donc à eux qu’échoit aussi, au sein d’un Front National gravissant les marches menant à l’exécutif suprême, une véritable mission de formation.
C’est d’ailleurs dans cet esprit — je saisis l’occasion pour en faire l’annonce — qu’en tant que président du Collectif Racine des enseignants patriotes, j’entamerai au printemps une vaste tournée de nos fédérations pour y donner une série de conférences et y tenir plusieurs réunions publiques sur le thème « Ecole : un enjeu pour toute une nation ».
Spécialiste, comme vous le savez des questions scolaires, j’aborderai donc devant vous le thème qui nous occupe aujourd’hui — « comment mettre fin aux zones de non-droit ? » —, et ceci sous l’angle des politiques éducatives.
Nos établissements d’enseignement, lors même qu’ils devraient pourtant être de véritables sanctuaires dédiés à la transmission du savoir, à l’éducation par le moyen de l’instruction qui devrait être prioritaire, qu’ils devraient, par l’instruction qu’on y dispense, remédier aux inégalités sociales, et être les vecteurs pleinement efficients de l’assimilation républicaine, sont pourtant aujourd’hui exactement l’inverse de tout cela : de sanctuaires qu’ils n’auraient donc jamais dû cessé d’être, ils sont devenus ces lieux où sévit la délinquance ordinaire, où règne une insécurité croissante plaçant de plus en plus les enfants et les jeunes en situation de danger, s’il m’est permis de reprendre les termes du communiqué que je publiais mardi matin, à la suite des incidents qui ont eu lieu la veille au lycée Nelson-Mandela de Nantes ; et ces faits d’une extrême gravité se sont produits dans un établissement scolaire de centre ville, situé à deux pas du Conseil régional.
La situation est malheureusement bien plus généralisée et, donc, bien plus grave dans ces « zones de non-droit », comme à juste titre on les désigne parfois, que sont devenus nombre de nos quartiers. Car de même qu’il existe donc des « zones de non-droit », ces « territoires perdus de la République » où les forces de l’ordre ne s’aventurent même plus, de même existe-t-il des « établissements scolaires perdus », car à ce point submergés par la violence sociale qu’il est devenu impossible d’y enseigner.
Dans ce contexte, les personnels de ces établissements, les enseignants en premier lieu, se trouvent contraints de faire face — et, trop souvent dans la souffrance : le Figaro d’avant-hier consacrait un dossier sur l’absentéisme des enseignants, celui-ci, entre autre causes, est la conséquence de cette situation, au même titre d’ailleurs que la baisse des vocations (les disciplines permettant d’autres débouchés que l’enseignement connaissent de graves problèmes de recrutement). Ceux des parents qui savent comment fonctionne le système de la carte scolaire savent très bien éviter que leurs enfants se retrouvent dans les établissements les plus en proie à la violence… autant dire que l’insécurité scolaire, dont souffrent bien des enfants et des jeunes — on se rappelle la campagne sur le harcèlement menée par le ministère, véritable enfumage dans la mesure où cette campagne dissimulait les causes —, l’insécurité scolaire, donc, contribue largement à le reproduction, par l’Ecole, en contradiction totale avec la mission qui devrait être la sienne, des inégalités sociales.
L’Ecole certes subit les maux dont souffre de façon générale la société, et elle ne saurait à elle seule leur apporter de solutions, mais il n’en demeure pas moins que la situation des ses « zones scolaires de non-droit » est largement imputable à 30 ans de politiques éducatives.
Et, c’est instruit de ce fait, que le grand plan de redressement du système scolaire auquel, au Collectif Racine, nous travaillons d’arrache-pied, et que je présenterai et proposerai à notre présidente, Marine Le Pen, marquera une inflexion majeure de ces politiques éducatives, en apportant enfin de véritables solutions.
Mais quelle sont-elles ces politiques, menées tour à tour, et à l’identique, par le PS comme par l’UMP, et qui ont conduit à la fois au renoncement à régler les problèmes, et, plus largement, à la situation catastrophique que nous connaissons ?
En 1981, le ministère de l’Education nationale a créé les ZEP (« Zones d’Education Prioritaire »), qui, d’ailleurs, même si on l’oublie le plus souvent, n’existent plus sous ce nom-là. Dans le même esprit, en poursuivant une logique qui pourtant ne fonctionnait pas, ont été par la suite mis en place d’autres dispositifs, éloquemment désignés comme « ECLAIR », « REP », RAR »… — on adore les acronymes au ministère.
L’ensemble de ces dispositifs conçus dans le but de lutter contre l’échec scolaire ont été, dès l’origine et pour le coup, un échec, et, de surcroît, un échec des plus coûteux, comme reconnu par une étude de l’INSEE portant sur la période 1982-1992 : « la mise en place des zones d’éducations prioritaires n’a eu aucun effet significatif sur la réussite des élèves ».
Je passerai rapidement sur les avatars de l’ « éducation prioritaire », et la valse des textes réglementaires qui en ont renouvelé les formes, le fond restant, lui, toujours identique, et toujours aussi éminemment contestable : à l’occasion de la rentrée 1999, la carte de l’éducation prioritaire connaît une redéfinition, et se voit adjointe une nouvelle structure : le REP (Réseau d’Education Prioritaire). En 2006, nouvelle réforme : les deux structures existantes (ZEP et REP, donc), sont remplacées par 254 RAR (« Réseaux Ambition Réussite »), occasion d’octroyer plus de moyens encore aux collèges les plus « sensibles ». Depuis la rentrée 2011, le programme ECLAIR (« Ecoles, Collèges, Lycées pour l’Ambition, l’Innovation et la Réussite ») est devenu le « centre des politiques de l’Education nationale en faveur de l’égalité des chances », c’est du moins ce qu’elle proclame. Inanité du dispositif sans doute, à la rentrée 2015, ce sont 350 REP+ qui voient leur apparition (1) : dans ces « REP+ », les missions des enseignants sont dérogatoirement définies, de sorte à leur permettre de « travailler en équipe », de mieux se former, d’assurer un suivi accru des élèves et de coopérer davantage avec les parents d’élèves (2)…
Mais quelle est la logique, l’esprit qui a inspiré et orienté ces politiques d’ « éducation prioritaire » ?
Des ZEP de 1981 aux REP+ de 2015, il s’est d’abord agi d’octroyer toujours « plus de moyens ». Ceci, au vu des résultats, en pure perte, et pour un raison très simple : ces moyens n’étaient pas employés dans la stricte observation des principes de la République, d’une République exigeante quant à ce qui la fonde, et qui doit protection et sécurité à l’ensemble des citoyens.
Il s’est également agi d’octroyer toujours plus d’autonomie aux établissements ou aux bassins d’établissements, c’est-à-dire de leur permettre de déroger aux règles communes de l’Education nationale : nous l’avons dit, les enseignants ont vu leurs missions « définies autrement », et cette autonomie a été le vecteur d’une différenciation des contenus enseignés : sur fond d’abaissement assumé du niveau d’exigences — et l’idéologie délétère selon laquelle cet abaissement permettrait une « démocratisation » de l’enseignement s’est donc révélée particulièrement efficiente en « ZEP » —, on a non seulement prétendu « enseigner autrement », mais surtout enseigner autre chose, dans le plus grand mépris du principe républicain d’égalité de tous les élèves devant les enseignements dispensés.
Très concrètement, partant du principe scélérat selon lequel l’élève devait être le « référent de la culture commune » (loi Jospin de 1989) et que les grandes œuvres de notre littérature n’appartenaient décidément pas au « monde culturel » des élèves des établissements d’ « éducation prioritaire », on s’est alors mis à leur faire étudier, en cours de français, des textes de rap, par exemple…
Et tout ceci pour les résultats que nous connaissons.
Je n’y reviens pas, ce qui m’importe étant l’avenir, à la construction duquel nous travaillons, aux côtés de notre présidente.
Quelles propositions pouvons-nous donc faire pour infléchir ces presque 40 ans de politiques insensées d’ « éducation prioritaire », pour que soit porté un coup d’arrêt à l’ « insécurité scolaire » et que, partout, sur tout le territoire, l’Ecole retrouve le moyen d’accomplir ses missions ?
Je ne sais pas, Jordan, s’il faudra déplacer le ministère de l’Education nationale à Saint-Denis, même si le geste serait symboliquement des plus forts, mais ce qui est sûr, c’est qu’il faut que l’Etat regagne les territoires que, par renoncement et faiblesse, il a perdu. Il faut que l’Etat garantisse partout, sur l’ensemble du territoire, l’ordre républicain, et a fortiori dans tous les établissements scolaires, où qu’ils soient situés.
Il faut d’abord que l’Ecole, partout, sur tout le territoire, garantisse à tous les enfants et les jeunes que la Nation lui confie, la sécurité.
Un grand plan de lutte contre l’insécurité scolaire doit être mis en œuvre : il faut des partenariats effectifs Etats-collectivités-établissements-police pour apporter une réponse adaptée aux actes délictueux (qui bien souvent ne sont pas que des « incivilités », comme on les désigne par euphémisme). Et, puisqu’on évoque les collectivités, il convient de rappeler le rôle qu’elles ont à jouer, dans le cadre de leurs compétences : rappelons qu’il est des compétences obligatoires des départements que de gérer le bâti et les équipements des collèges, et de celles des régions pour ce qui concerne les lycées, et que nous nous sommes prononcés, à l’occasion des départementales comme des régionales, pour que ces collectivités mettent en œuvre les moyens d’une « tolérance zéro » effective relativement à tout ce qui peut produire de l’insécurité scolaire : elles doivent procéder au déploiement de caméras de vidé-protection, de dispositifs anti-intrusion, et même, dans les établissements les plus exposés à la violence, de portiques de sécurité.
A la suite des actes commis dans l’enceinte du lycée Nelson-Mandela que j’évoquais tout à l’heure, le président de la région Pays de la Loire, Bruno Retailleau, annonçait des « travaux de sécurisation » qui permettront de fermer les portes de l’établissement, à distance, depuis l’intérieur. Nous verrons ce qu’il en sera, mais nul doute qu’il faille aller plus loin, et ne pas s’arrêter a posteriori au lycée qui a été le théâtre de tels actes : bien des établissements de la région sont tout autant, sinon plus, exposés aux dangers de ce type.
L’on peut par ailleurs parfaitement envisager, et nous en avions également fait la proposition pendant la campagne des régionales, de requérir les personnels des établissements scolaires qui dépendent des collectivités, avec lesquels je m’entretiens souvent et qui m’apprennent bien des choses sur les trafics en cours, pour qu’ils repèrent et signalent les conduites suspectes qui sont l’indice des actes les plus graves.
Il faut, de façon plus générale, que l’Ecole, partout, sur tout le territoire, en finisse une fois pour toutes avec le laxisme et la culture de l’excuse, et renouer à cette fin avec la pratique effective de la sanction. Car l’Ecole ne doit être le lieu d’aucune « incivilités » : il n’est plus acceptable que les « incivilités », donc, puissent entraver le fonctionnement normal des établissements scolaires où s’apprend aussi la vie en collectivité, qui exige des règles reconnaissant certes des droits, mais prescrivant aussi des devoirs.
Il faut tout particulièrement en finir avec la « circulaire Royal » du 11 juillet 2000 qui, prétendant répondre aux actes d’indiscipline, dissuade dans les faits de sanctionner, puisqu’elle expose celui qui prononcerait une sanction à des poursuites pénales.
Il faut encore que l’Ecole, partout sur tout le territoire, restaure l’autorité des maîtres
D’ailleurs, dans un système scolaire fondé sur l’autorité des maîtres, la pratique de la sanction ne serait que marginale, car l’autorité est ce qui inspire naturellement le respect.
Ce que nous voulons, c’est une Ecole où les règles, sans lesquelles il ne saurait y avoir de vie collective sereine, sont respectées, une Ecole où le savoir est sacralisé et, donc, inconditionnellement respecté, une Ecole où, parce qu’ils se montrent dignes de leur fonction, les maîtres sont respectés.
Et la respectabilité des maîtres est d’abord fondée sur le savoir qu’ils possèdent et sur leur maîtrise de l’art qui consiste à le transmettre, un art qui s’apprend progressivement, bien plus qu’il ne s’improvise.
C’est pourquoi, il faut en finir avec la situation consistant à ce que ce soient des enseignants débutants qui officient, sans en avoir le choix, système des affectations oblige, dans les établissements les plus difficiles : il faut soustraire les débutants à cette contrainte, et nous sommes favorables à la mise en place effective d’une certification complémentaire procédant du volontariat et qui dédierait les enseignants volontaires, les plus aguerris, à enseigner dans les établissements les plus difficiles.
Il faut ensuite que l’Ecole, partout, sur tout le territoire, retrouve le sens de sa mission fondamentale qui est d’instruire, en commençant par la dispensation des enseignements les plus fondamentaux, et selon des méthodes éprouvées. En tant que sa première mission est d’instruction, l’Ecole, partout, sur tout le territoire, doit maintenir un réel niveau d’exigence ; c’est un impératif d’égalité !
Ceux des enfants qui sont issus des milieux socioculturels les moins privilégiés, et qui ont donc tout à attendre de l’Ecole, ne pourront en effet s’élever au-delà de leurs conditions sociales d’origine qu’à la condition que l’Ecole leur permette d’aborder la suite de leurs études et d’affronter le monde du travail à armes égales avec les autres.
L’Ecole doit à cette fin, à eux aussi, à eux surtout, donner le meilleur de l’instruction. Ainsi et ainsi seulement estompera-t-elle les différences entre un élève de « ZEP » et un élève d’un établissement de centre-ville, différences que les politiques conduites depuis une bonne trentaine d’années n’ont fait qu’accuser.
Il faut donc aussi que l’Ecole instille en chacun la culture de l’effort, et promeuve l’ensemble des enfants et des jeunes qui lui sont confiés selon leur mériteé !
Il faut enfin que l’Ecole, partout, sur tout le territoire, renoue avec sa fonction d’assimilation : le communautarisme participe largement à la violence sociale, et fait peser la menace de graves divisions qui pourraient s’amplifier et menacer de façon croissante la nécessaire cohésion de notre société. Or la réponse républicaine et absolument adaptée à la menace communautariste, c’est la laïcité, dont il faut étendre le champ.
Concernant l’Ecole, il faut que s’y affirme une laïcité stricte, allant à l’encontre là aussi de ce qui y prévaut, et constitue un indice supplémentaire d’un Etat qui a consenti à sa propre faiblesse : on pense par exemple à la tolérance concernant les mères voilées accompagnatrices des sorties scolaires…
Ce qu’en un mot nous voulons, c’est une Ecole apaisée, dans une France apaisée.
Et nous entendons bien mettre en œuvre les moyens de cet apaisement. Ils passent par une volonté politique s’incarnant dans l’Etat.
Ce dont la France a besoin, c’est de plus d’Etat, d’un Etat refondé sur les principes de la République, d’un Etat souverain, maître de ses politiques publiques, garant d’égalité, juste car protecteur, et assurant à chacun la première des libertés qu’est la sécurité.
Ce dont la France a besoin, c’est de plus de République !
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(1) Arrêté du 24-8-2014 paru au BOEN du 28 août 2014 : préfiguration de la liste des écoles et collèges REP+. Arrêté du 30 janvier 2015 paru au BOEN du 5 février 2015 : liste des écoles et collèges REP+ publics inscrits en REP+ à la rentrée 2015.
(2) Décret n° 2014-940 du 20-8-2014 relatif aux obligations de service et aux missions des personnels enseignants exerçant dans un établissement public d’enseignement du second degré. Décret n° 2014-941 du 20 août 2014 portant modification de certains statuts particuliers des personnels enseignants relevant du ministre chargé de l’éducation nationale. Décret n° 2014-942 du 20 août 2014 portant modification du décret n° 2008-775 du 30 juillet 2008 relatif aux obligations de service des personnels enseignants du premier degré.