Blanquer ou l’austérité scolaire – une analyse de Daniel Philippot, vice-président de Racine

Blanquer ou l’austérité scolaire – une analyse de Daniel Philippot, vice-président de Racine

Promesses non tenues, fermetures de classes rurales… Les Patriotes dénoncent ces scandales.

« L’éducation nationale est un priorité. N’en doutez pas ». Le 29 août 2017, lors de sa conférence de presse de rentrée, Jean-Michel Blanquer a évoqué la rallonge budgétaire qu’il aurait exceptionnellement obtenue pour 2018.

Nous dénoncions alors la supercherie du budget 2018 de l’Education nationale. En réalité, l’effort n’était que de 0,9% et la hausse budgétaire la plus faible depuis 2013.

Le gestionnaire des coupes sombres sous Sarkozy

J.M. Blanquer était « numéro 2 » sous la droite, entre 2009 et 2012, au poste de directeur général de l’enseignement scolaire (Dgesco). Un « ministre bis » aux côtés de Luc Chatel, que l’on disait alors peu au fait des réalités scolaires.

Les enseignants n’ont pas oublié qu’il est celui qui a fait appliquer la politique éducative sous le quinquennat de Sarkozy, une période marquée par des coupes budgétaires sévères et un discours très dur à l’encontre des fonctionnaires. 80 000 postes d’enseignants supprimés entre 2008 et 2012.

Dix ans plus tard, J.M. Blanquer est dans une impasse. Le candidat Macron a en effet promis de dédoubler les classes de CP d’ici 2019. Comme il ne peut bénéficier de suffisamment de créations de postes, le ministre Blanquer n’a d’autre solution que de fermer des classes rurales et puiser dans les effectifs de remplaçants. Réduire fortement la scolarisation à 2 ans permettrait de récupérer environ 3700 postes.

De 2008 à 2012, sous Nicolas Sarkozy, et donc avec J.M. Blanquer aux manettes, les effectifs des tout petits scolarisés sont passés de 123 000 à 91 000 enfants.  Depuis 2012 ils sont remontés à 97 000. C’est tout cet effort entrepris depuis 2012 qui est remis en question.

Avec environ 11% des enfants de 2 ans scolarisés, on reste très loin des 35% du début des années 2000.

Grande spécialiste de l’école maternelle,l’inspectrice générale Viviane Bouysse a longuement expliqué pourquoi cette scolarisation des tout petits est importante.

« Les enfants apprennent la mobilité autorisée, l’organisation du temps, des éléments qui font partie de l’identité scolaire… Ils ont besoin de répétition mais aussi que l’on stimule leur imaginaire« . Il s’agit pour ces jeunes enfants de l’entrée dans l’univers de la culture écrite, l’apprentissage du  langage, de la motricité.

« La troisième année c’est celle de l’accélération des acquisitions lexicales et langagières. C’est l’année où les facultés de représentation se développent. Les enfants commencent à avoir l’idée que le tracé peut représenter quelque chose. Si on s’adapte aux spécificités de ces enfants, on peut stimuler le développement de leurs capacités« .

Pour justifier sa politique, J.M. Blanquer cite l’étude de Arthur Heim publiée en janvier 2018 dans laquelle il est écrit : « Au final, les résultats présentés ici, s’ils ne réussissent pas à asseoir le bien-fondé de la préscolarisation précoce, ne doivent pas pour autant conduire à le remettre en cause« . Le ministre ne semble pas avoir pris connaissance de la suite de cette étude et de ce que note Arthur Heim : « Mais ils [les résultats] doivent alerter sur la nécessité de penser les conditions d’accueil des tout-petits à l’école maternelle pour que l’expérience scolaire profite à ces derniers, et, plus globalement, de s’assurer que toutes les politiques d’accueil et d’éducation des jeunes enfants dans notre pays soient guidées par l’objectif du développement des enfants« .

En effet, la qualité de la scolarisation n’est pas satisfaisante. Alors qu’ils nécessitent une attention particulière, seulement 7% des enfants de moins de 3 ans sont scolarisés dans une classe correspondant à leur âge. 93% sont mélangés avec des enfants plus âgés.

Fort de l’étude de Arthur Heim, le ministre exprime un doute sur la scolarisation des tout petits.  « Ce doute que je peux avoir par l’observation de la réalité va me conduire à une vision pragmatique… Il est probable que la crèche soit plus pertinente que la scolarisation à 2 ans » poursuit le ministre.

Si aucune expérimentation n’a jamais démontré cette pertinence, en revanche, on peut affirmer avec certitude que la crèche est payante et qu’elle est plus accessible aux classes favorisées.

Les Patriotes exigent du Président de la République qu’il respecte ses promesses en matière de fermetures de classes.

Le 17 juillet dernier, lors de la Conférence nationale des territoires, Emmanuel Macron annonçait que « les territoires ruraux ne peuvent plus être la variable d’ajustement », et qu’ « il n’y aura plus aucune fermeture des classes dans les zones rurales »

Or, dans de très nombreux départements ruraux, ce sont des dizaines de classes qui seront supprimées en septembre 2018. Dans certains autres, ce sont des écoles qui vont fermer.

Les Patriotes dénoncent la politique en trompe-l’œil faite de promesses gouvernementales non tenues. Ils soutiennent sans réserve les enseignants, parents et élus qui luttent pour que vivent les villages et les territoires ruraux.

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