par Yannick Jaffré
On débat de l’école dans l’émission Répliques sur France Culture du 7 septembre 2013
Alain Finkielkraut recevait ce samedi Maryline Baumard, en charge de la question scolaire pour le Monde, et Denis Kambouchner, philosophe. Il s’agissait de débattre de l’état présent et du devenir possible de l’école.
Nous laissons nos lecteurs écouter l’émission s’ils veulent en connaître le détail. Elle nous inspire les quelques réflexions suivantes.
Quant à Finkielkraut, ses positions sur l’école sont connues et, sauf la tonalité élégiaque qu’il leur donne, nous les partageons sur l’essentiel. Il plaide pour le respect des humanités classiques, l’autorité du savoir, la formation rigoureuse des professeurs qui en est la condition, l’inscription des élèves dans l’histoire de France contre le mondialisme niais aboutissant, dit-il au cours de l’émission, à ce « qu’on ne sait plus où on habite quand on prétend habiter le monde ».
Rien là de nouveau. Le discours de ses interlocuteurs manifeste en revanche une tectonique des plaques, perceptible ailleurs, favorable aux défenseurs de l’instruction. Si Denis Kambouchner ne s’est pas signalé dans le camp des pédagogistes post-soixante-huitards ou, plus généralement, du discours « scolairement correct », Maryline Baumard appartient à un journal, le Monde, qui n’a pas cessé de prétendre que le niveau scolaire montait, que les réformes portées par Philippe Meirieu étaient progressistes, que seuls d’archaïques esprits fermés aux réalités de la nouvelle France se chagrinaient des effets d’acculturation provoqués par l’immigration. Or, et cette émission le prouve de nouveau, les soutiens du désastre scolaire reculent sur chacune de leurs bases. « Oui, bien sûr », disent-ils après les avoir méthodiquement sapés depuis trente ans, « la maîtrise des savoirs constitue la mission première de l’école » ; « oui, naturellement », concèdent-ils après avoir milité pour la mixité pour tout le monde (sauf pour eux-mêmes), « une trop grande hétérogénéité dans les classes nuit à la qualité de l’enseignement et entrave la progression des élèves » ; « oui, il est évident », reconnaissent-ils maintenant après avoir soutenu le contraire pendant des décennies, « que la violence à l’école est un problème réel qu’il faut prendre à bras le corps ».
Le Collectif Racine se réjouit de voir revenir au bon sens des esprits longtemps égarés. Il se réjouit surtout qu’ils y soient contraints par la réalité qui, impitoyablement, dénonce chaque année davantage la toxicité des conceptions qu’ils ont défendues des années durant. Mais il invite à se méfier de ces concessions, ajustements, modulations qui émanent de personnalités dont il y a tout lieu de craindre qu’elles n’en tiennent pas sincèrement pour l’école authentiquement républicaine ; c’est-à-dire l’école de l’égalité par l’excellence que nous avons, pour notre part, toujours défendue. Au cours de l’émission, le naturel est d’ailleurs souvent revenu au galop, Maryline Baumard rétorquant à Finkielkraut, à propos de la « world histoire », que « tout le monde ne pense pas qu’il faut se recentrer sur l’histoire de notre pays » ; plaidant pour une « adaptation aux pratiques des élèves » dans le domaine de l’informatique et communiant avec le Ministre Peillon dans l’exaltation de ce qui, au fond des choses, n’est qu’un merveilleux outil ; partageant enfin avec le même ministre la conviction que la formation des enseignants devaient aller dans le sens d’un apprentissage plus pratique, dont l’expérience des IUFM montre qu’il marginalise la compétence disciplinaire des jeunes professeurs.
Bref, le Collectif Racine invite ses lecteurs à ne se tromper ni sur les discours, ni sur leurs auteurs, et à préférer ceux qui soutiennent avec constance et probité des positions nettes, précises, déterminées pour l’école.
Pour aller dans ce sens, il faut consulter le livre « Conférences pédagogiques. L’école de la troisième république » publié par un philosophe universitaire de Paris I. On comprend pourquoi l’école d’aujourd’hui est tombée et pourquoi elle risque bien de ne jamais se relever, malgré ces belles émissions de l’entre-soi.
Melain, instit retraité fils d’instit.
Excellent! Comment peut-on à ce point désavantager nos peuples en ne leur offrant pas l’accès aux anciennes Humanités classiques gréco-latines? C’est ce qu’on appelle l’égalité de la malchance pour tous. Rétablissons au plus vite ces études extraordinaires et offrons-les à tous.
Schola Nova – Humanités Gréco-Latines et Artistiques
http://www.scholanova.be
http://www.concertschola.be
http://www.liberte-scolaire.com/…/schola-nova