Pistes de travail pour le 1er degré

Pistes de travail pour le 1er degré

 

par Jean Reys

 

De la condition enseignante :

Constats :

L’enseignant est souvent perçu comme corporatiste, privilégié, peu impliqué dans son métier, ayant trop de vacances, toujours en congé maladie. Les médias insistent par ailleurs sur la place de la France dans les évaluations Pisa (en déclin) et sur l’augmentation du nombre d’enfants ayant des difficultés à lire à l’entrée en sixième. L’éducation nationale coûterait cher pour une qualité de service insuffisante.

En parallèle, l’enseignant éprouve un sentiment de dévalorisation (difficulté de mutation, postes réservés aux nouveaux entrants, sentiment de formation insuffisante voire de formation inadaptée, promotions difficiles, reconversion quasiment impossible, difficultés dans la gestion des soucis extérieurs à l’école – violence, problèmes sociaux). Il existe un malaise enseignant qui transparaît parfois dans la qualité de l’enseignement.

Dans le même temps, le métier voit un accroissement du champ des enseignements, une polyvalence accrue. Ces dernières années, les attestations en vue de l’obtention du socle commun se sont multipliées (informatique, premiers secours, natation…). Il existe par ailleurs un sentiment d’abandon vis à vis de l’état en général –consultations pour les nouveaux programmes qui tiennent davantage de l’occupationnel que de la consultation – et de non reconnaissance du public.

On assiste peu à peu à une opposition parents / enseignants.

On signalera enfin que les dotations en matériel, équipement dépendent des communes. Quand mon école perçoit 24,9 euros par élève pour acheter livres, matériel, etc…+ le poste photocopie tout en bénéficiant de la piscine gratuite et de bus pour se rendre dans des salles de sport, la commune voisine plus rurale attribue 35 euros environ aux élèves sans prise en charge des bus et des entrées à la piscine. Une troisième commune de ma circonscription offre plus de 50 euros par enfant et les enseignants sollicitent encore les parents volontaires pour une coopérative.

Objectifs :

  • Rendre à l’école sa place primordiale dans l’élaboration d’un projet de société.
  • Améliorer les résultats de l’éducation nationale pour tous les enfants.
  • Rendre aux enseignants leur rôle de fonctionnaire d’état participant à un projet de société plus global.
  • Atténuer la fracture avec une administration de plus en plus distante.
  • Réconcilier parents et enseignants dans l’intérêt des enfants.

Propositions :

REDEFINIR LES MISSIONS

* Réaffirmer clairement les rôles de l’école :

1) La mission première de l’école est la transmission des savoirs fondamentaux (écrire, lire, compter, prendre la parole en public, connaître les éléments clefs forgeant l’identité française -événements importants, lieux géographiques).

2) L’école forge le futur : elle développera donc la curiosité par le projet (scientifique, tâches manuelles…) en partenariat ou non avec des organismes agréés par les services de l’Etat. Elle contribuera ainsi à former les têtes pensantes de demain ;

3) L’école recherche les talents qu’elle met en valeur : l’école a pour vocation d’aider l’enfant à se réaliser pleinement et à s’épanouir. Elle aidera les enfants disposant de capacités particulières à les mettre en valeur (exemple sportif, artiste, surdoué).

Intérêt de la mesure : recentrer les missions de l’école et les définir par rapport aux enseignants et aux parents (l’école sert à apprendre, à maîtriser des savoirs, elle instruit ; elle favorise l’élévation de toutes et tous.) Elle n’est pas le lieu destiné à solutionner les problèmes sociaux.

L’école prépare à la vie sociale et professionnelle. Elle est un ascenseur social.

3) Prôner la polyvalence intelligente :

En ce qui concerne l’enseignement de la natation, il serait intelligent de confier cette tâche à des maitres nageurs plus à mêmes d’offrir aux enfants un enseignement efficace. On pourrait ainsi envisager de promouvoir des stages d’une quinzaine de demi-journées consécutives sur l’année et ce dès le CP. Les petits Français seraient ainsi plus nombreux nageurs qu’à l’heure actuelle car l’activité serait pratiquée en continu.

Pour l’informatique : que chaque école de France dispose de matériel performant périodiquement réactualisé avec des logiciels efficaces. Plus question d’acheter les ordinateurs pour les communes, mais privilégier des contrats de location.

Réfléchir à l’enseignement des langues vivantes pour que cet enseignement puisse être continué au collège.

Intérêt de la mesure : l’enseignement doit être efficace, par conséquent il doit être dispensé par les personnes le plus à même de le dispenser. La polyvalence n’est pas toujours possible.

Les usagers constatent les progrès de leurs enfants.

REDEFINIR LE METIER D ENSEIGNANT DU PREMIER DEGRE

* Réaffirmation de l’attachement de l’état à une éducation nationale de qualité et à ses enseignants en refusant toute territorialisation supplémentaire source d’inégalité.

Intérêt de la mesure : L’enseignant est un fonctionnaire d’état, en aucun cas au service des élus et des volontés locales. Les enfants ont droit à un enseignement de qualité égale en France, dans les DOM / TOM.

Les territoires ruraux et urbains connaissent un développement harmonieux et égal. L’école de France est pour tous les Français. Elle sert la France aujourd’hui et forge la France de demain

COMBATTRE LE MALAISE ENSEIGNANT :

Une visite médicale à intervalles réguliers pour tous les enseignants, visite se déroulant hors temps scolaire afin d’éviter les critiques des usagers.

Intérêt de la mesure : L’état prend en considération ses personnels et entend dépister tout problème de santé, notamment les problèmes psychologiques. Cette mesure a aussi un intérêt financier en anticipant les longues maladies.

Cette visite permettra de préserver les enfants et les enseignants malades, de redonner à l’éducation nationale sa qualité.

* Un meilleur accompagnement des enseignants désireux de quitter la fonction et une aide à la reconversion (possibilité de formation accrue en dehors du secteur éducation).

Intérêt de la mesure : permettre à l’éducation nationale de préserver sa qualité et aider les collègues souffrant dans leur poste d’envisager un nouveau départ.

Eviter les critiques des usagers du genre, « il est là pour la paye ».

* Une vigilance accrue dans les affaires de violence.

* Développement de la carrière :

* Favoriser le développement de carrière, pas seulement par la notation, mais aussi par la prise en compte des résultats des élèves. Cela implique d’harmoniser les évaluations des enfants au niveau national.

CE POINT SERA CERTAINEMENT TRES PROBLEMATIQUE ET DEMANDE UNE REFLEXION POUSSEE CAR LE NIVEAU DES ELEVES EST PARFOIS TRES VARIABLE.

* Eviter l’accroissement de la masse salariale enseignante au sein du ministère et lui privilégier une meilleure revalorisation salariale. (Le fonctionnement de la classe sera abordé dans une autre réflexion).

Intérêt : des enseignants compétents au service de l’Etat, mieux rémunérés, un budget mieux maîtrisé. Des enseignants compétents au niveau des exigences de l’état. L’arrêt de la dévalorisation ressentie et vécue.

Inspection et entretien de carrière :

Une meilleure proximité entre enseignants et supérieurs hiérarchiques. L’inspection ne doit pas être une sanction, mais un moment privilégié de formation, d’apprentissage, de mise en valeur des réussites de l’enseignant. Elle doit aider l’enseignant à améliorer ses défauts car tout à chacun en a.

Elle peut aussi permettre de l’aider à envisager une réorientation professionnelle le cas échéant.

* Rapprocher le milieu enseignant des usagers par la rencontre et la proximité,

Favoriser la stabilité des équipes enseignantes afin d’offrir aux usagers des interlocuteurs référents.

Intérêt : quand un parent connaît l’enseignant de son enfant, il a plus de facilité à communiquer.

Promouvoir la réussite des enfants, signaler les difficultés.

Intérêt de la mesure : par des rencontres fréquentes, l’enseignant et le parent parviennent à communiquer, l’enfant redevient la préoccupation de tous en développant un partenariat. Les compétences des enfants sont mises en valeur. Les soucis éducatifs sont signalés et pris en charge par les services sociaux (rappeler que les services sociaux peuvent avoir un rôle d’aide et non de sanction).

Un commentaire on "Pistes de travail pour le 1er degré"

  • PROTIN Jean-Guy dit

    Très heureux de lire cette contribution, vu l’importance de l’école primaire.Je suis enseignant en école primaire depuis 35 ans. Je propose à la réflexion les éléments suivants:
    FRANCAIS :augmenter le volume horaire en précisant qu’il faut plus d’heures consacrées à l’enseignement de l’orthographe(d’usage, grammaticale et conjugaison). Adepte de Bled, je tente dans ma classe de CM2 de limiter le désastre,ce que les parents de mes élèves apprécient dans leur grande majorité.Je me heurte cependant à une difficulté majeure:mes élèves ont,comme la plupart des petits Français, subi les ravages des méthodes de lecture globales ou semi-globales. Malgré les discours officiels ce sont bel et bien ces méthodes qui dominent largement et qui sévissent. Il faut réaffirmer notre attachement à la méthode syllabique REELLE, type Boscher dont on pourrait poser le problème d’actualiser le contenu.Il est en effet très difficile de faire écrire « il mangeait » à un élève à un élève de CM2 si celui-ci n’a pas bien appris à lire au CP. Il ne sait que très vaguement que g et a=ga et non ja.
    Il me paraît nécessaire également de supprimer l’enseignement de l’anglais à l’école primaire, dont l’horaire, rappelons-le vient diminuer l’horaire de français.Les lycéens d’aujourd’hui n’ont pas un meilleur niveau d’anglais que ceux de ma génération.En revanche, on assiste à une sorte de « colonisation linguistique » de la France.Combien d’élèves écrivent aujourd’hui spontanément « dance » pour « danse », « explorer » pour « explorateur » . Beaucoup de mots anglais sont aujourd’hui connus avant le mot français correspondant.Je pense d’ailleurs que la nouvelle simplification de l’orthographe va dans le sens « d’angliciser » ou plutôt « d’américaniser » le français.
    MATHEMATIQUES.
    La réforme des « maths modernes » des années 70 a été une véritable catastrophe.Il faut réhabiliter le calcul.Avant 68, on demandait à un élève de CM1 ce qu’on ose à peine demander à un élève de 4ème aujourd’hui.