Pour toi qui auras ton premier poste en ZEP, ne t’inquiète pas !
par Géraldine Rose
Pour toi qui as la chance de commencer le plus beau métier du monde, ne t’inquiète pas. Sois fier de ta mission à l’école de la République !
La République… tu la verras en regardant ce merveilleux lieu de travail dans lequel tu vas passer quelques années (en attendant de muter…) sous la forme d’un drapeau ( enfin normalement! ) et de la devise de la France :
LIBERTE :
Tu seras libéré des longs moments de réflexion sur le barème de tes contrôles et les corrections : on ne met plus de notes, juste des appréciations ! L’inconvénient : ça démotive sérieusement les élèves…
EGALITE :
Les élèves te considéreront comme leur pair.
Par contre :
– si eux t’insultent, toi tu ne peux pas le faire !!!
– si eux ne travaillent pas chez eux, toi tu dois préparer tes cours !!!
– si eux veulent dormir en classe, toi tu ne peux pas le faire !!!
FRATERNITE :
Quand un élève te dira : « sale pute » ou « gros con », tu seras plein de compassion comprenant sa vie tourmentée de pré-adolescent, sa situation sociale difficile et tu culpabiliseras en pensant que tu es bien privilégié d’être instruit !
Alors, en saluant les efforts de communication de cet élève, tu lui expliqueras qu’il y a d’autre façon d’exprimer son désarroi : « madame, monsieur , je suis malheureux et j’ai du mal à comprendre en classe, pouvez-vous m’aider ? ». En hochant la tête, il te répondra nonchalamment : « va te faire foutre boloss » ou « meskin » ( pour les non-initiés : pauvre type, tu fais pitié).
Mais ne t’inquiète pas, quand tu rentreras en salle des professeurs exténué d’une heure de cours, tu ne seras pas seul, c’est pareil pour tout le monde !
Au fait, un dernier conseil :
si un élève te fait sortir de tes gonds, mets tes mains dans les poches et dis-toi: ce n’est qu’un enfant, ce n’est qu’un enfant, ce n’est qu’un enfant……….
Sans compter qu’il ne faut pas oublier l’absence de soutien de l’institution.
Combien d’incidents se déroulant dans les salles de classe et signalés disparaissent dans les bureaux des CPE ou de la direction ?
Sous couvert de bienveillance, de nombreux faits répréhensibles ne sont pas sanctionnés.
Le professeur victime se retrouve donc seul, sans sanction appliquée et donc perd de sa crédibilité.
Du côté de la direction, l’établissement est calme, il n’y a pas de rapports d’incidents qui remontent ! Tant mieux, les statistiques seront bonnes cette année ! (et accessoirement les primes)…