par Dominique Rozec
Secrétaire départementale Finistère (29) du Collectif Racine
Force est de constater qu’à partir des années 1980 on a grignoté, morceau par morceau, la souveraineté des professeurs sur leurs élèves. Actuellement l’enseignant ressemble plus à un accompagnateur scolaire qu’à un maître. Les codes sont posés au Ministère via les Rectorats, le professeur doit « valoriser » les élèves et comme par hasard ce sont souvent ceux qui sont les plus en difficulté. On valorise ainsi le pire et le médiocre et tant pis si les meilleurs sont sacrifiés, ils s’en sortiront toujours.
Ce qui vaut pour l’enseignement d’une matière vaut aussi pour les examens. Dans beaucoup de cas les notes sont artificielles et ne correspondent pas au niveau réel de l’élève.
Si j’ai quitté le Lycée pour le Collège, c’est en grande partie à cause de cela. J’ai été écoeurée, dégoûtée, laminée par la supercherie des notes d’examens.
Concrètement, comment les choses se passent-elles ?
Le professeur convoqué au Baccalauréat de Français, par exemple, va chercher dans un centre d’examen des copies, environ 120 à 150 copies. Il doit aussi se rendre à une première réunion afin de se mettre d’accord avec ses collègues sur un barème de notation pour éviter des notes dites « arbitraires ». Ceci étant fait, il peut se mettre d’arrache pied à la correction de ses copies. Après les avoir notées il se rend à une autre réunion d’harmonisation des notes, et c’est bien là où le bât blesse. La moyenne des notes de son tas de copies doit « coller » au plus près de la moyenne académique. Si le professeur a hérité de copies plutôt médiocres et se trouve donc sous la moyenne académique, à lui de les reprendre les unes après les autres et de mettre tantôt deux points de plus, tantôt trois ou quatre. Ainsi un candidat qui a obtenu un 8/20 pour une première correction peut se trouver avec une moyenne égale à 10. Les inspecteurs d’Académie présents à cette grossière mascarade répètent comme une antienne : « Soyez indulgents ». Les professeurs doivent donc faire preuve de compassion particulièrement avec les séries littéraires réputées plus fragiles que les séries scientifiques.
C’est sciemment que j’ai quitté mes classes de Lycée pour enseigner en 6ème et en 4ème, là où il n’y a pas d’examen.
La conclusion de tout ceci est qu’il est urgent de réformer l’Ecole et les examens. Le Baccalauréat doit retrouver sa vraie valeur, quitte à redevenir plus sélectif. Arrêtons de niveler par le bas, de faire du prosélytisme et de la démagogie.