Allocution de Marie-Agnès Houck (Paris, 20 juin 2014)

Allocution de Marie-Agnès Houck (Paris, 20 juin 2014)

Bonjour à tous,  c’est à mon tour de remercier M. Avello et M.Dubreuil  qui m’ont fait l’honneur de m’inviter aujourd’hui.

 

Je m’appelle Marie-Agnès HOUCK, j’ai 46 ans, je suis maman de 2 grands enfants étudiants de 25 et 21 ans, j’habite la région Parisienne depuis plus de 25ans et Créteil dans le Val de Marne depuis 11 ans. Je suis institutrice en école élémentaire dans cette même ville.  J’ai actuellement une classe de CP et je pense connaître assez bien ce  niveau de classe puisqu’en bientôt 25 ans de carrière, j’ai enseigné environ 18 ans au Cours préparatoire. Je suis également conseillère municipale de ma Créteil.

 

Pourquoi avoir choisi de rejoindre le Collectif Racine ?  Tout simplement dans un esprit de partage et de rassemblement d’idées. Les thèmes et les valeurs défendus par le collectif sont ceux et celles que je défends au quotidien. Mon éducation au sein d’un foyer modeste, honnête et travailleur, m’a rendue fière des valeurs que j’ai reçues. Je n’ai donc eu de cesse d’essayer de transmettre ces valeurs à mes enfants et je crois que cela a plutôt réussi. Je pense sincèrement que l’essentiel de l’éducation se fait dans les familles et ce, dès le plus jeune âge.  Les valeurs transmises de générations en générations sont celles qui forgent l’individu, celles qui transforment un petit enfant sans défense, en adulte respectueux et responsable de ses actes.  Dans mon travail, je tente aussi de mettre en pratique les conseils éducatifs qui m’ont été transmis, tant par mon héritage familial, que par les enseignants qui m’ont marqué.  Nous connaissons tous un enseignant ayant marqué notre enfance ou notre adolescence. En ce qui me concerne, certains m’ont donné l’envie d’enseigner et une vraie vocation. Mes enfants grandissent et je ressentais le besoin de m’impliquer davantage dans la défense des valeurs auxquelles je crois. J’ai commencé par m’engager politiquement aux dernières élections municipales.  Je me suis ensuite mise en relation avec le collectif Racine pour lui proposer ma contribution.

 

 

En quoi le Collectif Racine peut-il aider ou rassembler les enseignants ?    La grande majorité des enseignants que nous sommes a reçu une éducation basée sur les valeurs essentielles de l’école d’autrefois. Beaucoup de mes collègues partagent ces valeurs mais la dévalorisation médiatique du Front National Rassemblement Bleu Marine est telle qu’ils n’osent le dire haut et fort.

Les valeurs fondamentales de notre société, le respect et la tolérance établis entre enseignants et élèves,  la transmission des savoirs et l’égalité de tous les enfants devant les programmes scolaires,  étaient alors le fondement même de l’école de la République.

Malheureusement, les choses ont bien changé. Les gouvernements passent, les ministres réforment, dé-réforment, éditent des articles, des livres, mais au final, le résultat est catastrophique. On peut même se demander si toutes ces inepties ne sont pas élaborées dans le seul but de détruire notre modèle éducatif.

N’oublions pas qu’il y a quelques années encore, notre système était un modèle envié par de nombreux pays. Cela ne semble plus être le cas aujourd’hui.

Je parlais il y a quelques instants des principes ayant fondé notre système scolaire. On constate malheureusement que tous ces principes sont de plus en plus bafoués.

En tout premier lieu, force est de constater que le respect établi auparavant entre enseignants et élèves est de plus en plus mis à mal.

Combien d’enseignants insultés, agressés, tant par les élèves que par leurs parents ? Dans les écoles où j’ai enseigné, les agressions verbales vont croissantes. Mes collègues et moi-même avons été déjà plusieurs fois confrontés à ces problèmes.

Les incivilités sont monnaie courante de la part de certains élèves mais ce qui frappe le plus, c’est le laxisme qui règne face à ces situations. Que dire de la tolérance de mise, face aux agressions venant parfois des familles ? Ces faits sont inacceptables et pourtant on finit par les accepter comme éléments inhérents au métier d’enseignant. Nous sommes à la fois, enseignants, éducateurs, infirmiers, assistants sociaux, médiateurs, agent de sécurité, et j’en passe… Même si les relations humaines liées à notre métier sont plus complexes que la simple transmission du savoir, notre rôle premier  (qui est d’ailleurs stipulé clairement dans les missions officielles de l’enseignant), c’est d’abord la sécurité des élèves et la transmission des savoirs.

Les situations de violence auxquelles nous sommes trop souvent confrontés, ne doivent pas être minorées ni excusées. L’école idéale devrait être un havre de paix et d’innocence. Malheureusement nos écoles sont de plus en plus révélatrices des maux de notre société et la violence y est donc de plus en plus présente. Cela doit cesser et la tolérance zéro doit être appliquée dans ce domaine.

 

Un deuxième constat nous amène à nous demander combien d’élèves ne maîtrisent plus les compétences fondamentales nécessaires à la construction de leur vie d’adulte ?

A l’école élémentaire, les différentes réformes ont fait apparaître des difficultés grandissantes dans l’apprentissage de la lecture. La méthode globale, instituée il y a quelques années a été vite abandonnée par bon nombre d’enseignants, conscients de son inefficacité.  Si les enfants arrivent à l’école avec une notion globale de quelques mots usuels, si ces mots les aident à anticiper le sens de la lecture, l’apprentissage total de la lecture en mémorisant une multitude de mots, ne peut que les emmener vers l’échec. Seule une approche par le code, par les notions phonétiques, les syllabes puis les mots, permet de manière évidente, de lire aisément.

Il reste donc à faire en sorte que la méthode globale, nocive à la maîtrise parfaite de la lecture et de l’orthographe, soit totalement interdite et à rendre obligatoire l’apprentissage par la méthode syllabique.

A la fin de la scolarité obligatoire, combien d’élèves sont capables de lire et comprendre réellement un écrit, combien maîtrisent les compétences de base en mathématiques, combien sont capables de s’ exprimer correctement, de prendre la parole, combien sont capables de rédiger un écrit cohérent et sans fautes d’orthographe, combien connaissent les éléments fondateurs de notre histoire, combien sont capables de citer, situer nos villes, nos départements, nos régions, combien pourront réfléchir, analyser, fabriquer, conceptualiser pour être des adultes performants et autonomes au quotidien ?……..  Voilà beaucoup de choses, beaucoup de questionnements me direz-vous …. Mais c’est pourtant tout cela que l’on apprenait dans nos écoles avant que le laxisme, la manipulation et la mondialisation ne fassent leur œuvre ! Nous devons rétablir la méritocratie pour entraîner nos élèves vers le meilleur et ne plus se féliciter lorsque l’on obtient le minimum.

 

 

Un troisième point doit être souligné : l’égalité de tous les élèves devant l’accès aux connaissances.

L’uniformisation des parcours, à travers le collège unique, est une catastrophe et a entériné le fait que de nombreux élèves accèdent au bac ou aux études supérieures en ne maîtrisant pas toujours les fondamentaux.  Le collège doit permettre à tous les élèves de trouver leur voie, qu’elle soit dans une filière courte ou longue, qu’elle soit manuelle ou intellectuelle. Nous devons donner un véritable choix de vie à nos enfants. Mieux vaut un maçon compétent qui a choisi un métier qu’il aime, qu’un employé ayant subi le cursus obligatoire sans avoir vraiment choisi son métier. Le modèle du collège unique doit donc être aboli.

 

Demandons-nous également comment transmettre des savoirs et des valeurs, lorsque le système éducatif fait tout pour que les enfants n’aient plus aucun repère ?  L’enfant cherche, découvre tout seul, c’est bien, mais qu’en est-il de la transmission du savoir ?

L’élève ne peut être l’égal du maître et l’éducation ne peut se cantonner à un tâtonnement vers  une hypothétique découverte. Le parent, l’éducateur, le professeur, doivent rester les piliers de l’apprentissage, quel qu’il soit.  Cela passe par le respect dû aux enseignants, mais aussi par le respect des familles qui doivent rester maîtres de leurs décisions en matière éducative. Une véritable reconnaissance du métier d’enseignant, et un vrai respect de cette fonction, sont essentiels. Une véritable reconnaissance également du difficile métier de parent ! En bref, les enseignants doivent retrouver leur place et le système ne doit pas chercher à faire des parents des enseignants, ni des enseignants des parents.

L’autorité de l’enseignant est indispensable et les parents doivent garder légitimement leur rôle premier.

 

Pour terminer un dernier constat s’impose : réformes après réformes, l’école perd son efficacité et sa légitimité aux yeux de plus en plus de familles. Les familles sont inquiètes et elles ont raison.

Il devient évident que le cheval de bataille des gouvernements successifs,n’est plus l’instruction Nationale, mais l’éducation, la formation au cas par cas, en fonction des besoins régionaux ou locaux.

D’où le transfert massif de compétences vers les régions et municipalités. Nous voyons ici les conséquences concrètes de la libéralisation.

L’état ne souhaite plus former des citoyens instruits, critiques et autonomes, mais de bons petits soldats, manipulables, corvéables à merci, endoctrinés à la bien-pensance par de nouvelles lois sociétales, et asservis à l’argent.

La mondialisation frappe insidieusement jusqu’au cœur de nos familles. Notre modèle éducatif est en danger. En détruisant peu à peu, les valeurs familiales, et les principes de l’instruction publique, le système tente de s’assurer le soutien d’un peuple asservi et obéissant aux règles de la pensée unique et de la consommation de masse.

Dans nos écoles, dans nos collèges et lycées, c’est au quotidien que nous nous battons  pour que nos élèves reçoivent tous la même formation. Qu’ils soient issus de milieux ou de régions différentes, l’école doit les former à affronter la vie à armes égales.

La réforme des rythmes scolaires est en cours et suscite bon nombre de réactions défavorables. Une majorité d’enseignants, d’éducateurs, de parents, sont contre cette réforme. Et le gouvernement continue sa route, droit dans le mur ! A Créteil par exemple, le coût de la réforme est estimé à 1 200 000 €. Cette réforme toxique crée une école à deux vitesses et ampute nos enfants de bon nombre de leurs repères. Dans les villes « riches » des activités multiples et variées. Dans les communes plus pauvres qu’en sera-t-il ? Certaines très petites communes se voient dans l’impossibilité d’embaucher qui que ce soit pour assurer les heures péri-éducatives. Certaines devront sûrement se tourner vers des parents bénévoles.

Pour assouplir soi-disant cette réforme, il est question de modifier les calendriers de vacances scolaires. Quelle belle manipulation encore ! Lorsque l’on sait que les décisions prises en matière de vacances, le sont sur conseil des responsables du transport et du tourisme, lorsque l’on sait qu’aucun chrono biologiste, aucun enseignant, n’est convié à cette réunion, comment peuvent-ils se justifier en simulant un quelconque  intérêt pour l’enfant ? Ces manipulations seraient risibles si elles n’étaient pas si dramatiques !

 

 

 

Nous ne pouvons que déplorer les graves dérives menant à tout ce que l’on observe aujourd’hui : Baisse évidente du niveau scolaire de nos élèves,  incivilités, délinquance, déresponsabilisation des citoyens, laxisme, ne sont que le résultat de dizaines d’années d’un travail de sape opéré en douceur, mais terriblement efficace.

 

Pour conclure, je dirais que, voyant mon métier dévalorisé, voyant mes collègues de plus en plus sceptiques sur leur vocation, voyant la détermination de nos gouvernants à détruire ce qui faisait la richesse de notre école, constatant la baisse inexorable du niveau de nos élèves, constatant que rien n’est fait pour améliorer les choses, bien au contraire, j’ai  décidé de m’investir pleinement pour offrir ma modeste contribution à une cause que je trouve juste et indispensable. Les groupes de réflexion, les forums du Collectif Racine, me semblent être un excellent moyen de partager ce en quoi beaucoup d’enseignants croient encore, et de réfléchir ensemble aux moyens à mettre en œuvre pour garantir à tous nos enfants, l’accès aux savoirs et le respect de nos valeurs et de nos traditions.

 

J’espère que beaucoup d’enseignants patriotes nous rejoindront notamment ici à Paris, en Ile De France et peut-être dans le Val De Marne.

Beaucoup partagent nos idées, à nous de les rassembler, à nous de nous investir pour faire bouger les choses. Je vous remercie de votre attention.

2 commentaires on "Allocution de Marie-Agnès Houck (Paris, 20 juin 2014)"

  • Landais dit

    Chez des parents ouvriers agricoles :j’ai passé ma jeunesse proche de Gaillac (soit a environ 20 km d’Albi ) ou dernièrement une enseignante trouva une mort abominable assassi née dans son école : par la vengeance terrible d’une mère d’élève qui n’accepta pas de l’enseignante une simple remarque sur le comportement de sa fille ( comme quoi maintenant des professeurs peuvent se faire assasssiner dans leur lieu de travail scolaire: ceci pour une simple réflexion : donc sans raison CELA DEVIENS GRAVISSIME d’en arriver a ce stade de violence extrême dans le milieu scolaire ,et cela risque malheureusement de se reproduire tant que nos dirigeants politiques resteront dans leur laxisme habituel sur L’INSECURITE grandissante a tous les niveaux de la société .

  • Landais dit

    Félicitations Mme HOUCK pour votre exellent commentaire ; oui il est urgent que le Collectif Racine s’emplifie et vienne aider ,soutenir les professeurs (j’ai 62 ans) l’école actuelle est énormément loin de celle que j’ai vécu: a cause des gouvernements (gauche ,droite ) qui depuis + de 40ans (l’aprés 68) dans un total laxisme n’ont eu cesse de laisser l’école gravement se dégrader ;dont le plus grave ce sont les violences réguliéres (verbales ,physiques et parfois gravissimes ) a tous niveaux commies entre élèves ,et de plus en plus :par les élèves envers le monde enseignant ; mais aussi les actes de vengeance; violences physiques parfois très graves commies par les parents d’élèves envers les enseignants (et professeurs qui en cela bien souvent ne sont pas du tout soutenus par leur hiérarchie ;ni par nos dirigeants politiques) donc pas étonnant les nombreuses dépressions nerveuses ;et parfois les suicides dans le milieu des enseignants (ce qui ne semble guère préoccuper nos responsables politiques ) dans ce monde de violences les enseignants qui ont pourtant tant de mérite dans leur métier devenus si difficile a simplement éduquer les vrais valeurs de la morale la droiture et transmission du savoir :mais en cela sont abandonnés de tous côtés ne pouvant plus bénéficier de respect considération .Egalement une scolarité de plus en plus difficile pour les élèves sérieux ; studieux ,respectueux d’autrui (moi fils de modestes parents qui ont vécus leurs vies ouvriers agricoles et élevant 6 enfants :j’ai du devoir travailler dès l’age de 14 ans comme maçon ::j’ai donc très peu étudié et n’ayant que un CEP et un CAP de maçon et ma femme agée de 65 ans (idem une jeunesse passée chez des parents ouvriers agricoles tout autant miséreux ) et ettant analphabête pour n’avoir jamais étée scolarisée : Cela ne nous a pas empêché de mener des vies d’honnêtes citoyens . Tout comme pour les professeurs ,nous pensons aussi souvent aux élèves sérieux ;studieux :pour qui il est de plus en plus difficile de travailler ;étudier dans le calme ;la sérénité ;dans un milieu scolaire ou régne bien souvent violences ,insécurité .et ou il est devenu de plus en plus galère de simplement pouvoir étudier (il est dis que le premier des droits est le droit a la sécurité :mais ce qui semble loin d’être la préoccupation et la volonté de nos dirigeants politiques totalement laxistes ;désinvoltes; incapables .)