VIVENT LES DECRETS DU 25 MAI 1950 !
Aux mois de novembre et décembre derniers, le Collectif Racine, le rassemblement des enseignants patriotes, fut l’un des fers de lance de la lutte victorieuse contre l’offensive lancée par le ministre Peillon visant les statuts des professeurs de classes préparatoires. Nous l’écrivions : à travers ce projet, le gouvernement entendait s’en prendre, non seulement aux intérêts matériels d’une catégorie de collègues, mais surtout, et sous couvert d’égalitarisme, à l’un des derniers secteurs du système scolaire faisant encore honneur à l’Ecole de la République, à l’un des derniers bastions de l’élitisme républicain. Cette tentative, nous le savions alors, préfigurait une attaque d’ampleur contre les statuts de tous les personnels de l’Education nationale qui, sous prétexte de « redéfinir leurs missions », conduirait l’Ecole à toujours moins instruire et en perpétuerait ainsi le déclin. Car partout où l’on attaque la fonction enseignante, c’est aussi, bien sûr, l’Ecole républicaine qui est attaquée !
Le 12 février dernier, le ministre Peillon communiquait sur son projet de refonte des décrets de 1950, ces textes réglementaires définissant les missions et services des enseignants du 2nd degré, projet qui sera présenté devant le Comité Technique Ministériel du 27 mars prochain. Outre la baisse des salaires qu’il impliquerait, par le biais d’une redéfinition du temps de travail des enseignants (l’on passerait d’obligations de services définies en maxima horaires hebdomadaires au principe de l’annualisation) et par la suppression de diverses indemnités (heure de première chaire, dont les conditions d’obtention seraient durcies, par exemple), ce projet ne ferait plus de l’instruction, mission pourtant fondamentale de l’enseignant, et le légitimant dans sa fonction, que l’une de ses activités parmi d’autres : le projet évoque en effet, outre « une mission d’enseignement », « des missions liées à l’activité d’enseignement », et jusqu’à « des missions complémentaires liées à des responsabilités dans et hors de l’établissement »…
Pour le Collectif Racine, les desseins ministériels sont parfaitement clairs : il s’agit d’une part d’appliquer au corps enseignant, dans le prolongement du gel du point d’indice imposé depuis 2010 et dans l’attente de celui de l’avancement des fonctionnaires, les politiques d’austérité salariale imposées par l’Union Européenne ; il s’agit d’autre part, moyennant la territorialisation de l’Ecole, elle aussi exigée par la logique délétère d’une Europe des territoires conduisant à détruire la fonction publique d’Etat et le statut de ses fonctionnaires, de perpétuer la dissolution de l’Ecole républicaine en l’acculant à toujours de moins en moins instruire. Le Collectif Racine, le rassemblement des enseignants patriotes, dénonce et combattra l’ensemble de ces atteintes perpétrées contre l’Ecole, ses enseignants et les élèves qui lui sont confiés. Il apporte par ailleurs son soutien à toute organisation, y compris syndicale, qui, quoique n’accédant pas toujours à la pleine compréhension de ce que ces atteintes trouvent leurs causes et leurs moyens dans les politiques non-démocratiques de l’UE, entendrait toutefois se mobiliser contre la destruction des décrets du 25 mai 1950, l’un des derniers remparts contre ces inquiétantes dérives.