Billet de Yannick Jaffré, président du Collectif Racine : Suppression des notes, cette vieille tarte à la crème

Billet de Yannick Jaffré, président du Collectif Racine : Suppression des notes, cette vieille tarte à la crème

Suppression des notes, cette vieille tarte à la crème

 

Dans ce monde troublé et changeant, il existe quelques points fixes. La stupidité des pédagogistes tient ainsi fermement la place. Avec une régularité étrangère au doute, ils prônent la suppression des notes.

A les suivre, celles-ci seraient traumatisantes et décourageantes au plan psychologique ; injustes et partielles au plan pédagogique.

Il faudrait donc privilégier les évaluations « par couleurs » supposées plus « formatives », les « auto-corrections » et les « compétences transversales ».

Pour faire à cette ineptie le sort qu’elle mérite, inutile de déployer des trésors d’argumentation. Elle se fracasse sur le mur des réalités.

Qu’on tourne et retourne les choses en tous sens, on se trouve face à cette évidence : seuls des savoirs déterminés, pas de vagues « compétences », peuvent faire l’objet d’une évaluation rationnelle. On ne fait jamais baisser la fièvre, ni remonter le niveau, en cassant le thermomètre. Et pour des raisons épistémologiques, institutionnelles et économiques, le moment de la sélection ne saurait être indéfiniment repoussé. Entourées d’appréciations qui les affinent et les individualisent, les notes demeurent un outil performant. Elles permettent aux élèves de se situer dans les disciplines et les uns par rapport aux autres.

Car évaluer, c’est hiérarchiser, n’en déplaise aux égalitaristes qui exècrent l’élitisme républicain. Tous les élèves ne sont pas également bons partout, et ce n’est pas un drame. L’injustice commence quand on leur ment sur leur travail, leur niveau et leurs perspectives. On trahit alors l’égalité républicaine qui, disait Condorcet, trouve dans l’excellence sa « forme la plus haute ». Au lieu de recouvrir la médiocrité sous des évaluations édulcorées, l’école doit offrir aux élèves l’idéal de l’excellence. Il lui revient également d’orienter chacun d’entre eux vers le domaine où il est susceptible de l’atteindre.

Universalité de la proposition scolaire, savoirs rigoureusement enseignés, loyauté des épreuves, évaluation par notes, fine et précise – voici les conditions d’une sélection authentiquement républicaine. C’est-à-dire une sélection qui ne repose ni sur l’argent ni sur les réseaux auxquels, en définitive, les « pédagogos » ouvrent des boulevards. Quant à la dimension psychologique de l’affaire, puissent-ils un jour comprendre que l’école ne doit pas éternellement rester maternelle. Le Collectif Racine plaide de son côté, en matière d’évaluation comme ailleurs, pour une institution virile mais correcte !

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