Sur l’application de la réforme des rythmes scolaires à Saint-Nazaire (intervention de Gauthier Bouchet, 15 octobre 2014)

Sur l’application de la réforme des rythmes scolaires à Saint-Nazaire (intervention de Gauthier Bouchet, 15 octobre 2014)

Sur l’application de la réforme des rythmes scolaires à Saint-Nazaire

par Gauthier Bouchet

 

 

Les rythmes scolaires affaiblissent l’école à Saint-Nazaire
À Saint-Nazaire, l’école est affaiblie par les nouveaux rythmes que, comme partout en France, le gouvernement lui impose. Saint-Nazaire, municipalité de gauche depuis quatre-vingt dix ans, ne pouvait qu’abonder dans le sens du gouvernement socialiste – il paraît… – en appliquant sans attendre, dès septembre 2013, la réforme des rythmes scolaires, c’est-à-dire encore sous le municipe de Joël Batteux.
L’école, à Saint-Nazaire, est affaiblie par les rythmes scolaires, et tant d’autres choses. Le Collectif Racine, depuis un an (quasiment jour pour jour) librement rattaché à l’œuvre politique et sociale de Marine Le Pen, dans le cadre du Rassemblement Bleu Marine, cette grande coalition des patriotes, veut pour sa part renforcer l’école. Tout ce qui pourra renforcer l’école affaiblie, abandonnée, contestée dans son objet de forge de la Nation, travestie dans son rôle de transmission, d’élévation civique et morale, exploitée à dessein par les puissances d’argent ; chaque opinion ou individualité allant dans cette inclination, est sympathique à la cause des patriotes qui, comme nous, demandent le renforcement de l’école pour enclencher demain le renforcement de la Nation.
Je remercie les animateurs de ce collectif, Alain Avello, son secrétaire général, et Géraldine Rose, la secrétaire départementale de la section de Loire-Atlantique, de me laisser évoquer maintenant plus en détails la question des rythmes scolaires à Saint-Nazaire, par ce premier bilan d’étape, un an après un démarrage plus que houleux.
Dans la commune de Saint-Nazaire, où je suis, avec Jean-Claude Blanchard, élu d’opposition, je constate combien les temps péri-éducatifs (TPE) tant mis en avant par le gouvernement, sont un échec. Après un an de mise en pratique, nous voyons les enfants fatigués, tant les nouveaux rythmes scolaires n’ont pas raccourci leurs journées. C’est même finalement plutôt l’inverse, puisque les nouveaux rythmes ont augmenté le temps de présence à l’école. Les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM) constatent couramment que, l’après-midi, ils doivent réveiller les élèves somnolents pour qu’ils puissent participer à ces même TPE. Les enfants qui sont transférés au centre de loisirs chaque mercredi midi ne déjeunent en général pas avant 13 heures. Ces mêmes enfants se montrent souvent déçus des activités proposées, qui s’apparentent à un temps de garderie pur et simple, bien loin de ce qui avait été annoncé (voile, canoë-kayak, théâtre).
Ce que l’on constate, c’est combien cette réforme trahit ses propres promesses. Les TPE devaient permettre aux enfants des classes populaires – et ils ne forment par définition pas une minorité à Saint-Nazaire – d’accéder à ces activités, mais avec un taux de présence de 50 % en zone d’éducation prioritaire, l’objectif n’est pas atteint.
Les personnels éducatifs nazairiens ne s’y sont pas trompés, en se déclarant en grève, dès le 3 octobre 2013 – un mois après la mise en place des nouveaux rythmes scolaires dans la commune – du côté des agents de l’OMJ. Leurs témoignages au sujet d’enfants devenus indisciplinés en fin d’après-midi du fait des nouveaux rythmes, dans un certain nombre de sites d’exercice de ces TPE (médiathèque, conservatoire, infrastructures sportives…) n’ont pas fait varié d’un pouce les pouvoirs publics, municipalité y compris. Les démissions d’un certain nombre d’agents vacataires intervenant sur les TPE n’ont pas davantage fait réagir, pas plus que le déficit d’accueil à la médiathèque en raison de la « réquisition » d’une partie du personnel de celles-ci pour les TPE.
La liste est longue des anecdotes qui montrent combien à Saint-Nazaire la réforme des rythmes scolaires ne marche pas, tant par les choix pédagogiques absurdes que par le manque de moyens alloués à ces mêmes choix. Cette somme d’anecdotes forment dès lors la trame d’une contestation beaucoup plus profonde des rythmes scolaires, que nous faisons nôtre : manque d’animateurs de TPE dans les écoles (avec jusqu’à 24 enfants pour un seul encadrant), personnels du conservatoire, de l’école d’arts plastiques ou de la médiathèque tenus de prendre leur voiture personnelle pour transporter du matériel nécessaire, manque de locaux adéquats obligeant à la réquisition de salles de classes et entraînant des soucis de logistique dans des espaces scolaires nettoyés habituellement trois jours par semaine, mais désormais utilisés cinq, des activités qui changent toutes les semaines, sans ligne directive, etc. Que dire également de cette concurrence entretenue de fait, dans la mise en place de ces TPE, entre personnels municipaux et ceux de l’Éducation nationale ?
Notre critique se veut d’autant plus ferme que, contrairement aux engagements du précédent maire, Joël Batteux, les intervenants municipaux de Saint-Nazaire n’ont reçu aucune formation adaptée. Six mois après le début de son mandat, le nouveau maire, David Samzun, n’a rien changé à cette situation. Ce faisant, en ayant été pensée dans la précipitation la plus totale, l’installation des nouveaux rythmes scolaires à Saint-Nazaire a mis en difficulté tant les enfants que les personnels enseignants et municipaux, ces derniers devant bricoler au jour le jour.
L’opacité règne, pouvons-nous dire avec un an de recul. La municipalité suscite cette opacité, lorsque la direction de l’éducation de la Ville de Saint-Nazaire interdit aux responsables des sites où sont mis en place les TPE d’organiser des réunions d’information à l’attention des parents d’élèves, tout comme de participer aux conseils d’écoles, où ils auraient pourtant une place légitime. Ce choix est un marqueur lourd de la vie sociale, politique et culturelle à Saint-Nazaire : le manque grave de représentativité, à l’image de la quasi-censure de l’opposition dans les commissions, et sa probable absence des futurs conseils de quartiers, à l’issue du « vote » du 15 novembre prochain. Disons « vote » entre guillemets car il s’agira en réalité d’un tirage au sort, dédaigneux d’une juste et proportionnelle représentation de chaque opinion…
Voilà posé notre constat, un an après les débuts des nouveaux rythmes scolaires à Saint-Nazaire, des débuts poussifs, dont nous prévoyions dès les premières semaines le futur désastreux. Et l’opposition frontiste, si elle est seule à mener ce combat contre les nouveaux rythmes au conseil municipal – en témoigne la position de vote des deux groupes de centre-droit il y a quelques jours – n’est en revanche pas seule à Saint-Nazaire. Nous apprécions d’être rejoints sur cette analyse, dure mais juste, en dehors des partis, ainsi par exemple, la CGT, qui dès le 28 octobre 2013, alertait sur la situation dramatique des TPE à Saint-Nazaire. Et cependant, même si nous apprécions leur démarche de lucidité, leur sincérité resterait à évaluer. En effet, ce syndicat n’a-t-il pas à appeler à voter pour le candidat (François Hollande) artisan de la présente réforme ?
Inversement, nous sommes restés droit dans nos bottes, avant même la création du Collectif Racine, en ne donnant pas l’onction des urnes à ceux qui massacrent l’école au profit de dogmes qui ne profiteraient qu’à la plus petite élite. Jean-Claude Blanchard, qui dirige notre opposition, a d’ailleurs donné le 3 octobre dernier le « La » d’une juste réponse au rythmes scolaires, seul dans ce conseil avec le soutien des votes de ses deux collègues, Stéphanie Sutter et moi-même.
En l’écoutant, j’ai apprécié, et approuvé, le principe intransigeant de défense républicaine de sa prise de parole, contre tous les dogmes. Car, comme il le rappelait, les « projets éducatifs de territoires » (PEDT) créés un peu partout en France, dont à Saint-Nazaire, confirment la mise en œuvre d’une éducation non nationale et, dans la mesure où la République française ne se conçoit que comme « une et indivisible », non républicaine… Or, nous ne connaissons pour notre part que la république dans l’unité, sociale et territoriale, non pas dans la concurrence et la spécialisation de ses territoires, entre perdants et gagnants de la mondialisation.
Ce jour là, nos élus ont voté contre cette délibération, et donc pour la France.

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