Ajouter de la discrimination à la discrimination

En réponse à la contestation légitime et croissante que suscite chez les parents comme chez les personnels la situation scolaire dramatique que connaît la Seine-Saint-Denis (défection d’enseignants impliquant de nombreux postes vacants et un recours massif aux précaires), la réponse apportée hier par le ministre Vallaud-Belkacem conduira à déroger à la règle commune du concours, mode de recrutement de la Fonction publique garantissant l’égalité de traitement de tous les usagers.

Ainsi le ministre a-t-il annoncé un concours de recrutement spécifique à l’académie de Créteil qui permettra, lors de la session 2015, aux candidats refusés au concours traditionnel de se présenter une seconde fois pour enseigner dans cette académie déficitaire. Ce concours dérogatoire sera inéluctablement, même si le ministre s’en défend, un concours « au rabais » et, partant, conduira à ajouter de la discrimination à la discrimination, celle dont souffre la Seine-Saint-Denis en matière scolaire comme en bien d’autres.

A rebours de cette nouvelle atteinte aux principes de la République ― universalité des concours, égalité de traitement des usagers et des élèves devant les enseignements ―, les solutions que nous avançons pour remédier aux problèmes causés, en Seine-Saint-Denis comme ailleurs, par le recul de la République ne peuvent être, pour nous, que républicaines : le maintien du caractère national et du haut niveau d’exigence des concours de recrutement, une véritable revalorisation des carrières par redéploiement des moyens, une restauration de l’ordre républicain dans tous les établissements et, ces conditions réunies, la mise en œuvre d’un plan ambitieux pour l’éducation prioritaire.