Communiqué de Gilles Ardinat, CR-Hérault : Redoublement : un dispositif imparfait qu’il ne fallait pas abandonner.

Communiqué de Gilles Ardinat, CR-Hérault : Redoublement : un dispositif imparfait qu’il ne fallait pas abandonner.

Redoublement : un dispositif imparfait qu’il ne fallait pas abandonner.

 

Communiqué de Gilles Ardinat
Secrétaire départemental du Collectif Racine de l’Hérault
Conseiller régional FN/RBM (Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées)
Professeur agrégé d’histoire-géographie

 

L’Éducation nationale est engagée depuis plusieurs années dans une politique de réduction puis de quasi suppression du redoublement. Le décret du 20 avril 2014, indiquant que le redoublement doit être « exceptionnel », finalise ce processus : seule « une période importante de rupture des apprentissages scolaires » justifie dorénavant un redoublement (avec l’accord des parents). Entré en application à la rentrée 2015, ce décret s’est concrétisé lors des conseils de classe de mai-juin 2016 où les enseignants ont observé avec inquiétude le passage presque automatique de tous les élèves en classe supérieure.

Le Collectif Racine considère que cet abandon prive le système éducatif d’un outil utile. Certes, de nombreux redoublements sont improductifs du point de vue scolaire : bien souvent l’élève de progresse pas. Refaire le même programme n’est donc pas une panacée pédagogique. Cependant, bien qu’imparfait, le redoublement a plusieurs avantages. Symboliquement, il indique qu’un certain niveau est requis pour avancer dans son parcours. Ce barrage, sanctionnant un travail insuffisant, est un marqueur d’exigence de la part de l’institution. Avec sa disparition, nous entrons dans l’ère du « droit » au passage en classe supérieure, sans contrepartie, ce qui est contraire à la logique méritocratique. Concrètement, le redoublement permet à des élèves ayant mal préparé leur réorientation de le faire avec le temps suffisant. Parfois, il est concluant du point de vue scolaire et entraine une amélioration des résultats. En outre, c’était une manifestation de l’autorité du conseil de classe et un moyen de valoriser le passage en classe supérieure.

En supprimant le redoublement sans aucune solution de secours, notre institution révèle une véritable fuite en avant : les élèves en difficulté seront poussés coûte que coûte vers les classes supérieures, accumulant les lacunes. Privé d’écluses (examens véritablement sélectifs et redoublement) notre système s’expose à une baisse supplémentaire du niveau : pourquoi travailler quand le passage est un « droit » automatique? Moins d’autorité pour les maîtres, moins d’outils de sanction à l’égard les élèves déméritants, plus de mensonges vis-à-vis des enfants et de leurs parents (en leur faisant croire à une progression d’année en année) : tel sera le bilan de cette décision démagogique.

Bien entendu la réorientation dans une voie adaptée est la meilleure solution pour les élèves en échec scolaire (ce qui implique de développer l’apprentissage et d’abolir le collège unique). Cependant nous affirmons que le redoublement, malgré ses limites, doit être maintenu. Alors que certains observateurs justifient l’abandon du redoublement pour des motifs budgétaires (« coût » d’une année supplémentaire d’un enfant sur les bancs de l’Ecole), nous refusons de sacrifier l’élitisme républicain sur l’autel des économies de bouts de chandelles. En cas de victoire de Marine Le Pen en 2017, son ministre de l’Education Nationale rétablira la possibilité du redoublement, dispositif utile pour une École exigeante.

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