Chroniques de ZEP : Même en ZEP, je veux enseigner…

Chroniques de ZEP : Même en ZEP, je veux enseigner…

Même en ZEP, je veux enseigner…

par Anne Vigan

 

Je revendique mon devoir et mon droit d’enseigner ma matière.

 

Souvent en ZEP, si les élèves viennent en classe, c’est déjà une victoire en soi pour l’institution ! Lors d’un conseil de classe, un chef d’établissement a quand même félicité l’ensemble des enseignants d’avoir réussi à garder un élève en classe pendant l’année, ce qui a limité ses activités délinquantes (deals, vols, agressions…..) dans le quartier.  Mais en classe, les enseignants le laissaient dormir sur la table, sans lui faire de réflexions de peur qu’il s’énerve.

C’est cela de la bienveillance ? C’est cela avoir de l’ambition scolaire ? Donner une chance à tous ?

M. Peillon nous dit : «  les professeurs et tous ceux qui exercent dans les écoles et les collèges de l’éducation prioritaire peuvent être fiers de la mission qui leur revient » ,  mais nous ne pouvons être fiers de nous quand nous sommes limités à faire de la garderie. Nous devons avoir de l’ambition et de l’exigence pour nos élèves pour qu’ils réussissent, pour qu’ils deviennent de futurs citoyens responsables et non les laisser dans la toute puissance.

 

Je refuse de garder les élèves en classe pour apaiser les difficultés des quartiers. Nous ne pouvons plus exclure un élève qui refuse de travailler en classe ou qui perturbe le cours. L’exclusion est réservée aux situations de mise en danger.

Quel intérêt pour les autres de travailler en classe ? Comment faire, en tant qu’enseignant, pour lutter contre le harcèlement dans nos écoles si nous-mêmes, cédons à la pression d’enfants ?

 

L’école doit être un lieu d’apprentissage, permettant à tous de réussir. Mais pour cela, il faut que l’on puisse travailler en classe. L’enseignant peut faire un très bon cours mais si les élèves ne l’écoutent pas, à quoi bon ?

On nous propose, dans la « Mesure 3 : un accompagnement continu jusqu’à 16h30 pour les élèves de sixième : aide au devoirs, soutien méthodologique, tutorat…. ». Ce n’est pas nouveau, et beaucoup d’enseignants sont très critiques par rapport à ces heures et préféreraient approfondir leur matière plutôt qu’effectuer des heures reconnues comme peu efficaces pour les élèves.

 

Comment remonter l’estime de soi des élèves si on ne reconnaît pas leurs efforts ? Les élèves ne sont pas idiots, ils comprennent très bien qu’on négocie la tranquillité en classe : « tu me laisses faire cours, je te laisse dormir en classe ».

Ce n’est pas cela être bienveillants et avoir de l’ambition pour nos élèves. Et nous devons en avoir.

« La refondation de l’éducation prioritaire s’appuie sur une approche globale rassemblant l’ensemble des leviers identifiés comme favorable à la réussite » .

 

La note est un levier, alors pourquoi cette volonté de la supprimer ?

L’exigence est un levier, alors pourquoi ne plus vouloir en avoir ?

Avoir de l’ambition scolaire pour nos élèves, en particulier dans les zones d’éducation prioritaire, est un levier, alors pourquoi en avoir honte ?

Proposer des possibilités d’apprentissage avant 16 ans est un levier, alors pourquoi ne pas l’intégrer à ces mesures ?

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