Chroniques de ZEP : Une matinée au collège

Chroniques de ZEP : Une matinée au collège

Une matinée au collège

par Anne Vigan

 

Ce matin, j’arrive au collège, motivée. Je commence une activité avec mes élèves. J’en ai parlé avec eux il y a deux jours, « j’ai préparé le terrain ». Ils vont tout comprendre !

Je les lance…. Tout à coup, quatre élèves lèvent le doigt. N’aurais-je pas tout bien expliqué hier ?

Ah, ce ne sont pas des questions, ils veulent les documents. Pourquoi ? Ils étaient absents il y a deux jours.

Bon, je sais, ils devraient rattraper les cours tout seul mais j’ai bon fond, je leur donne le document.

Ils ne font rien. Ah ? Un élève lève la main : « Je ne peux pas le faire, il FAUT m’expliquer. »

Là, je n’aime pas beaucoup le ton. Je lui demande s’il a lu le sujet : «  non mais il paraît que vous avez expliqué à la classe, alors il FAUT m’expliquer aussi car je ne POUVAIS pas être là il y a deux jours »

Et pourquoi ? Fête religieuse donc je DOIS lui faire rattraper le cours et laisser les autres seuls face à leurs difficultés.

 

D’ailleurs, beaucoup d’enseignants ne font plus ni contrôle ni introduction de nouvelles notions lors des fêtes religieuses. On a des classes avec un tiers, voir la moitié d’absents. Avec comme motif : FETE RELIGIEUSE.

 

 

Heure suivante :

Hier, les ¾ de mes élèves n’avaient pas fait le travail demandé ( une correction de contrôle notée pour remonter leur note). Ils ont tous eu une heure de colle. Aujourd’hui, un des élèves me demande pourquoi il a eu cette heure de retenue, je lui rappelle la raison : travail non fait. Il me dit avoir une heure de permanence et donc se propose de faire le travail pendant cette heure là plutôt que durant son heure de retenue le vendredi en fin de journée de cours. Je lui dit que c’est impossible, ce n’est pas à la carte une punition ! Il me dit :  « Je m’en fous, je ne viendrai pas » !!!!

 

Récréation :

Tiens il manque du monde. Un collègue est en arrêt, il n’en pouvait plus. Je comprend, se faire cracher dessus dans un escalier par un élève qu’il ne connaissait pas puis se faire entendre dire que l’élève n’avait pas fait exprès, qu’il « visait » quelqu’un d’autre et sans compter les agressions quotidiennes : il faut supporter !!

 

Je reprends le travail après la récréation :

En rentrant en classe, deux élèves veulent aller boire. Je refuse, ils étaient en récréation : « c’est pas juste, on a soif », ça dure 5 minutes. Puis une élève refuse d’enlever sa veste en classe car « je n’ai pas envie, j’ai froid », et je finis par l’exclure devant son refus catégorique : encore 5 minutes .

Je viens de perdre 10 minutes ( sur 50 minutes, ça commence à faire). On se met au travail dans la joie et la bonne humeur. Mais 4 élèves sur 20 n’ont pas leur carnet, ils doivent aller chercher une fiche de suivi ; un élève n’a pas de trousse : il faut qu’il trouve quelqu’un pour lui prêté un stylo et je ne compte plus ceux qui n’ont pas de feuilles pour écrire…… Avec tout ça, c’est 20 minutes de perdues !

 

Là, il est temps de faire une pause et d’aller manger. Je vais à la cantine.

Au menu : « saucisse de Toulouse ou merguez hallal ». NON !!!! Je vais donc signifier mon mécontentement à qui de droit.

Réponse : «  De toute façon, on mange hallal tous les jours sans le savoir alors….. »

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