Chroniques de ZEP : C’est l’histoire d’une contractuelle en ZEP…

Chroniques de ZEP : C’est l’histoire d’une contractuelle en ZEP…

C’est l’histoire d’une contractuelle en ZEP…

 

Je vais maintenant vous raconter l’histoire de Carole, jeune contractuelle en français dans un collège ZEP. Et voilà que nous arrivons à 20% de professeurs absents au collège, non qu’il y ait des promotions sur les voyages en ce moment mais des enseignants fragilisés par des conditions de travail difficiles (mal de dos, dépression, épidémies de gastro dans des corps fatigués et des cerveaux malmenés…).

 

Il faut donc des remplaçants ! Oups, j’ai dit un gros mot là !! Car il n’y a plus de remplaçants. En tout cas, le « vivier » de TZR (Titulaire en Zone de Remplacement) a été peu à peu réduit et demeure inexistant pour les remplacements de courte durée (moins d’un an !!).

 

Mais comme il faut tout de même mettre des adultes en classe, vivent les contractuels !

 

D’ailleurs, je voue une admiration sans borne aux contractuels : mal payés, victimes des abus de l’institution et surtout victimes des élèves, ils sont envoyés en renfort n’importe où. Quelles que soient leurs formations, on les met devant les élèves : un architecte qui joue dans un groupe de musique : très bien pour remplacer un enseignant de musique. Un jeune diplômé d’une école d’ingénieur : un enseignant de mathématiques, de sciences physiques et de technologie. Un titulaire d’un BTS tourisme pour apprendre à lire en CP (une des priorités de M. Peillon d’ailleurs) …

Bref, on les envoie en première ligne !

 

Revenons à Carole. Elle arrive, toute pimpante et motivée ! Il y a de quoi, elle a trouvé un emploi, faire découvrir la beauté de la langue française (ou juste la langue française quand on considère que beaucoup de nos élèves ne savent pas lire, et parlent peu le français).

Deuxième jour de remplacement : un élève de 12 ans la plaque au mur en fin de cours. Elle lui a demandé d’attendre 5 minutes à la fin du cours pour lui rendre son carnet sur lequel elle indiquait son attitude nonchalante et insolente.

Une semaine après, l’élève continuant à aller en cours comme si de rien n’était, sans aucune sanction, Carole est débordée par ses classes. Elle n’arrive plus à faire cours. D’une jeune femme dynamique et motivée, il ne reste plus rien. Elle n’en peut plus, surtout depuis que les élèves l’ont prévenue : « toi, tu ne vas pas faire long feu chez nous ! ». Là non plus, rien ne se passe…..

 

Je sors de cours et j’entends hurler dans les couloirs : « Sale pute, tu fais chier ». L’élève, interrogé, nous dit : « oui je l’ai dit, et je regrette pas, c’est vraiment une sale pute cette fille ».

Et Carole attends la fin de son remplacement…

 

Ça y est Carole a retrouvé le sourire : il lui reste 4 heures de cours et son remplacement se termine.

 

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