Tribune de Marc Chapuis, secrétaire général de Racine : « Les portables confinés de M. Blanquer » (15 décembre 2017)

Tribune de Marc Chapuis, secrétaire général de Racine : « Les portables confinés de M. Blanquer » (15 décembre 2017)

Les portables confinés de M. Blanquer

Tribune de Marc Chapuis
Secrétaire général de Racine – les enseignants patriotes

Voilà que M. Blanquer, pressé par un journaliste dans l’émission « Le Grand jury » du 10 décembre, qui demande : « Est-ce qu’on va interdire les téléphones portables à l’école et au collège ? », déclare : « oui !… Il faut qu’ils soient en quelques sortes confinés ».

Aussitôt, les médias titrent en chœur :  « Interdiction du téléphone portable à l’école ».

Rappelons d’abord que l’article L511-5 du Code de l’éducation interdit depuis 2010 l’utilisation du téléphone portable: « Dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges, l’utilisation durant toute activité d’enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur, par un élève, d’un téléphone mobile est interdite ».

Ces dispositions avaient été adoptées pour des raisons de santé publique lors du « Grenelle de l’environnement » (en application du « principe de précaution »).

Faut-il pour autant interdire totalement l’usage du téléphone portable en primaire et au collège ?

En ce qui concerne l’école primaire, nous pensons que la mesure d’interdiction totale se justifie parfaitement, d’une part en raison des risques que présentent les écrans pour la santé des plus jeunes, d’autre part en raison des risques d’usage inapproprié. Si, exceptionnellement, l’enfant éprouve le besoin de communiquer avec ses parents, il peut le faire par l’intermédiaire de l’institution, ce qui présente l’avantage d’informer systématiquement celle-ci.

Au collège (et au lycée), nous pensons qu’il ne faut pas interdire les portables mais en imposer l’extinction totale, sauf dans des zones réservées à cet usage et surveillées par la « vie scolaire ». Au lycée on peut admettre un usage en cours sur autorisation explicite de l’enseignant pour des raisons pédagogiques (par exemple photographier un montage de travaux pratiques).

Mais le véritable problème est ailleurs.

Comment les enseignants et l’administration pourraient-ils faire respecter ces règles dans un contexte où chacun sait qu’il va s’attirer beaucoup d’ennuis s’il fait preuve de fermeté?

Ainsi, le Code de l’éducation n’autorise pas la confiscation d’un téléphone portable (au motif que ce n’est pas un objet dangereux), ce qui crée une insécurité juridique.

Nous demandons que le Code de l’éducation soit modifié afin d’autoriser la confiscation de tout objet susceptible de perturber la vie d’un établissement, et ce pour une durée suffisamment longue afin d’être dissuasive.

Cette mesure, aussi nécessaire soit-elle, ne sera évidemment pas suffisante.

Les enseignants et les chefs d’établissements ont surtout besoin d’être soutenus dans l’exercice de leur autorité pour que les établissements scolaires transformés en « lieux de vie » par un demi-siècle d’idéologie libérale-libertaire retrouvent un véritable climat de travail et renouent avec leur mission qui est d’instruire.

Cela nécessitera une véritable révolution de l’École et de l’ensemble de la société.

À Racine nous y travaillons, convaincus que l’autorité légitime n’est pas opposée à la démocratie mais qu’elle est la condition de sa survie.

 

 

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