Conférence de Yannick Jaffré (12 octobre 2013)

Je ne crois pas que nous vivions une époque formidable. Il faudrait pour la célébrer une forte dose d’inconscience ou de cynisme. Le peuple français souffre dans sa chair et son identité, il souffre du chômage, de l’insécurité et, par-dessus tout, du mépris. Du mépris que lui porte cette oligarchie euro-mondialiste, sociale-libérale ou libérale-sociale, qui le dirige depuis trente ans au moins. Elle inflige à la France des politiques délétères qui bradent sa souveraineté, compromettent son unité intérieure, ruinent sa santé économique et entament son crédit international. Et puis, les amoureux de la France le sentent, cette oligarchie cherche à atteindre quelque chose de son âme. Or une nation, disait Renan, c’est « une âme, un principe spirituel ». Et l’âme de la France, plus que d’autres pays, tient profondément à son école. Ce lien particulier saute aux yeux, par contraste, quand on regarde les trois grandes nations anglo-saxonnes, l’Angleterre, l’Allemagne et les États-Unis, que l’oligarchie française brandit comme des modèles contre cette France qu’elle n’aime pas.

 

L’école anglaise témoigne d’une longue tradition conservatrice et inégalitaire. L’Angleterre a pratiqué des siècles durant une féroce ségrégation scolaire, les hautes classes monopolisant les postes de pouvoir intellectuels et politiques. Alors que les élites étaient formées dans de grandes universités de prestige, l’église dispensait au peuple un enseignement rudimentaire. Une école publique fut bien créée au XIXe siècle, mais il ne lui revint que la portion congrue. Si les établissements d’excellence se sont peu à peu ouverts au mérite, après la seconde guerre mondiale surtout, il reste quelque chose aujourd’hui de cet héritage inégalitaire. Tandis qu’Oxford ou Cambridge conservent leur rang mondial, l’école publique demeure faible et mal dotée. Mais le manque de moyens n’explique pas seul la faiblesse de son niveau. Les méthodes en sont largement responsables, en Angleterre comme en France. Elles confondent l’efficacité avec l’utilité immédiate, la compréhension avec l’opération technique, et négligent généralement la patience, la profondeur et la cohérence qu’exigent un véritable travail de la culture. Et c’est au fond hors de l’école, loin de l’État, dans la musique populaire par exemple, que l’esprit anglais, profondément libéral en ce sens, a déployé ses créations les plus vivantes, individuelles, excentriques.

La culture germanique, elle, ne s’est pas développée hors de l’État mais dans l’attente, le manque, la nostalgie de l’État impérial. Née dans les principautés, royaumes et villes franches, la rigueur universitaire allemande épousait cette aspiration générale à l’unité. C’est pourquoi l’État bismarckien ne fut pas aux yeux du peuple l’instrument d’une classe, comme en Angleterre, mais l’unificateur de la communauté ethno-culturelle allemande. L’école entretiendrait ce puissant esprit national souvent extraordinairement brillant, mais parfois grégaire aussi, que le nazisme a précipité dans le racisme d’État. Dans l’Allemagne fédérale d’après guerre renouant avec une organisation décentralisée, l’éducation est devenue l’affaire des lander, ces grandes régions qui déterminent les contenus des programmes, les horaires, et même la durée du cursus menant à l’habitur, équivalent de notre baccalauréat. Cet état de choses fait d’ailleurs en Allemagne l’objet d’un débat récurrent, certains jugeant qu’il faudrait édifier un système véritablement national. Tous les lander ont cependant ceci de commun qu’ils pratiquent une orientation précoce, dès l’entrée en 6e ou en 5e, qui présente le mérite, à l’inverse de notre collège unique, d’être claire et loyale. Je dirai enfin qu’il règne dans l’Allemagne démocratique, sur ce sujet comme sur d’autres, et malgré le débat que je viens d’évoquer, un certain conformisme social et politique procédant de sa longue histoire. C’est le fameux « consensus allemand » qui charme tant les ultralibéraux français parce qu’il favorise toutes les régressions sociales.

Quant aux États-Unis, leur ADN historique contient l’esprit des premières communautés de pionniers puritains. Ce qui compose le principe actif américain, c’est toujours une synthèse de foi et d’argent, de religiosité et de rapacité, de messianisme et de matérialisme, pas les humanités classiques, pas la raison comme valeur, pas le sens de la durée historique. Comme l’enseignement est un enjeu économique autant que religieux, et qu’il faut bien recruter des élites, les États-Unis ont fait le choix de privilégier le supérieur par rapport au primaire et au secondaire, et le privé par rapport au public. Les universités d’élite, qui réclament des frais de scolarité très élevés, sont également financés par des fondations étroitement liées aux grands groupes. Et quand les ressources humaines intérieures viennent à manquer, ce qui est toujours le cas, ils économisent la formation en achetant sur le marché mondial les compétences de chercheurs Russes, Indiens ou Français. Méfiance à l’égard de l’État, logique ultralibérale, prégnance du religieux, rien ne portait les Américains à concevoir un système scolaire publique, laïc et bien financé. Et c’est leur affaire. Sur le plan des contenus enseignés, ils partagent avec leurs cousins anglais une conception utilitariste de l’enseignement, à laquelle ils ajoutent ce que Brzezinski ancien conseiller de Carter appelait, pour le promouvoir, l’edutainment, qui est un mélange d’éducation et de divertissement. Démocrates au sens de Tocqueville c’est-à-dire intellectuellement étroit, centrés sur les biens matériels et valorisant l’homme moyen, les Américains, qui exaltent l’héroïsme militaire ou la réussite matérielle, ne font pas de l’élévation par le savoir un idéal collectif.

 

Ces trois grandes nations sont telles qu’elles sont, et nous ne leur reprochons pas d’être elles-mêmes. La France n’est ni l’Angleterre, ni l’Allemagne, ni les États-Unis, mais, à la différence des élites actuelles, nous ne le regrettons pas.

Notre pays s’est construit par son État contre les grandes féodalités. La royauté ne s’est pas contentée de les détruire, elle les a remplacées par une aristocratie d’État ouverte aux meilleurs talents de la bourgeoisie, fixant le goût, cultivant les savoirs et le sens de la responsabilité publique. Alors que l’État anglais verrouillait par l’école les intérêts et les positions d’une classe, la monarchie française fut travaillée de l’intérieur par une poussée méritocratique perceptible, entre autres, dans les modalités d’accès aux écoles royales. Avec la révolution, les grandes écoles et les Lycées napoléoniens consacrent cette égalité par le mérite. La troisième république universalise enfin le mouvement, offrant au peuple les trésors de la grande culture, et mettant Oxford, pour nous la Sorbonne, à la portée des meilleures capacités. C’est l’idée de l’excellence comprise, d’après Condorcet, comme la « forme la plus haute de l’égalité », c’est le principe de « la sélection des meilleurs par la promotion de tous » formulé par Paul Langevin – sélection par le mérite et le talent, donc, plutôt que par l’argent, les réseaux et les appuis familiaux. C’est un idéal d’aristocratie populaire qui, comme tout idéal, ne fut bien sûr jamais totalement réalisé. Mais il a produit d’indéniables effets, permettant au petit Charles Péguy, à Albert Camus, à l’ingrat Pierre Bourdieu aussi, de connaître une ascension sociale qui aurait été inimaginable sans l’école.

Cette école républicaine exprime donc un esprit qui n’est ni celui de l’homme démocratique américain, ni celui de l’aristocratie réservée à l’anglaise. Héritière de l’humanisme renaissant, elle s’inscrit dans la longue durée européenne qui remonte au monde gréco-romain. Étrangère à la religiosité étouffante qui règne aux États-Unis, elle est laïque. Mais c’est au sens profondément français du goût pour une raison terrienne, libre et batailleuse qu’on lit tôt, par exemple, chez Rabelais et Montaigne. On devrait à mon sens défendre les lois de séparation de l’Église et de l’État de 1905 non seulement en tant que principe constitutionnel, mais comme prolongement et sauvegarde de l’esprit français. Rigoureux mais frondeur, classique mais délié, cet esprit, éloigné du respect de la norme qui prévaut chez nos voisins allemands, se distingue aussi de l’empirisme anglais par sa recherche constante des fondements, des principes et de l’universel.

L’école fut aussi pour la France le creuset d’une réconciliation. Tout au long de son histoire, elle fut une nation politique plus qu’ethnoculturelle, bien qu’il faille rappeler avec Fernand Braudel contre le mythe récent, et intéressé, d’une France bâtie par l’immigration, que sa population est demeurée continue des dernières invasions du Xe siècle jusqu’au milieu du XIXe. Mais en effet la France ne s’appuie pas comme l’Allemagne sur un sentiment ethno-communautaire, comme l’Angleterre sur un patriotisme insulaire ou sur une sorte nationalisme religieux comme les États-Unis. Elle fonde son unité sur le politique, la culture et les mœurs, vivifiées par ces « vastes entreprises » qui, disait De Gaulle, sont « seules susceptibles de compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même ». L’école fut l’une d’entre elles. Après avoir été le théâtre d’une dure bataille  entre l’Église et l’État, entre l’ancienne et la nouvelle France, l’école de la république les a refondues dans une histoire commune. Jacobine, héritière de la révolution, elle exalte pourtant les provinces dans le Tour de la France par deux enfants qui fut, au début de la troisième république, un manuel d’apprentissage de la lecture autant que de la patrie ; elle exalte également la littérature du Grand Siècle ; et bien que les hostilités se soient poursuivies entre les différentes traditions françaises, ce qui était peut-être, somme toute, inévitable, l’école a donc entretenu un siècle durant l’unité d’âme de la nation.

Forge d’unité, instrument de justice et d’égalité, elle accomplit également de remarquables performances intellectuelles. L’aristocratie populaire à la française a libéré une formidable puissance dans tous les domaines du savoir. Modèle imité de par le monde pour la qualité de sa formation générale, primaire et secondaire, l’école de la république était en même temps une rampe de lancement pour les plus grandes réalisations scientifiques et littéraires. Grâce à elle, la France pouvait se projeter stratégiquement dans le monde avec les armes effilées de l’intelligence.

 

Or, cette institution est méticuleusement attaquée par les mêmes forces qui, en tous domaines, veulent déposséder la France d’elle-même. Que s’est-il passé ces dernières décennies? Nos intervenants détailleront certaines des pentes funestes sur lesquelles on a poussé les élèves, les professeurs et les parents. Je mentionne brièvement celles que je crois être les principales.

De l’égalité par l’excellence, on est passé à l’égalitarisme par la médiocrité. A coup de méthodes délirantes, qu’on peut rassembler sous le nom de pédagogisme, on a bafoué le bon sens et la raison. D’un même mouvement, on faisait céder l’autorité des maîtres devant l’arbitraire individuel, obéissant à l’injonction de Pink Floyd dans The Wall : « hey, professeurs laissez les enfants tranquilles ! ». Cet individualisme issu de 68 qui progressait hors de l’école s’est répandu à l’intérieur de l’institution où l’on a laissé, d’année en année, une place plus grande aux caprices de comportement et d’attitude. Parallèlement, conséquence de l’immigration et de la faiblesse des pouvoirs publics, le communautarisme faisait son entrée à l’école. Elle fut le creuset de l’unité nationale, elle est devenue le réceptacle des revendications ethno-religieuses. Bien qu’un grand nombre de professeurs et de personnel de direction la défendent courageusement, la laïcité y enregistre des reculs répétés. Quant à l’organisation générale du système, où le collège unique constitue un véritable abcès de fixation, elle est aussi défaillante que la politique de l’orientation. On sent enfin une volonté permanente, encore manifeste dans la récente Loi Fioraso, d’attaquer ce qui fait la singularité française, volonté qui, heureusement, ne réussit pas toujours, les classes préparatoires et les grandes écoles ayant jusqu’ici, par exemple, résisté à cette vague destructrice. Je remarque au passage que la part d’élèves issus des classes populaires dans ces classes et grandes écoles a connu une baisse vertigineuse ces dernières années, ce qui prouve encore, s’il en était besoin, que l’égalitarisme sert bien mal la cause de l’égalité.

 

Qui sont les responsables d’un tel effondrement ? Cette gauche libertaire qui a oublié la république et cette droite libérale qui a perdu le sens de la nation ; cette gauche qui a déclamé que l’Europe portait le progrès social et cette droite qui a prétendu que l’Europe serait un vecteur de puissance. En matière scolaire, ni l’une ni l’autre n’ont la moindre excuse : l’argument de la massification est fallacieux, puisqu’une première démocratisation de l’enseignement a été réussie au début du XXe siècle ; et se retrancher derrière le changement de mentalités des « nouveaux publics scolaires », consuméristes, communautaristes, violents, c’est en réalité avouer la complaisance dont on fait preuve à leur égard ; quant à l’argument de la compétition économique parfois brandi pour justifier les réformes, il se retourne contre leurs auteurs puisque la formation française, qui reste d’un niveau élevé parce que nous partions de très haut, s’est dégradée ces trente dernières années ; enfin l’école n’ayant pas été l’objet d’une cession de souveraineté, demeurant de la compétence des États, la droite et la gauche se sont placées d’elles-mêmes, toutes seules, comme des grandes, sous le patronage idéologique de l’Europe, en reprenant, par exemple, les préconisations de la Round Table européenne et du Processus de Lisbonne de 2000 sur les compétences (à ne pas confondre avec le Traité de 2008). Leur responsabilité est donc totale, absolue, sans circonstances atténuantes. La droite libérale qui parle anglais n’a jamais conçu l’école que comme une fonction de l’économie, la gauche libertaire qui parle brésilien comme une bastille à renverser pour promouvoir l’individu « citoyen du monde ». C’est bien au fond l’idéologie mondialiste à l’état chimiquement pur : libérale, elle voit dans le marché l’horizon indépassable de notre temps, libertaire, elle fait de l’individu la mesure de toutes choses et de toute valeur.

De la réforme Haby créant le collège unique sous Giscard, à la tentative de réanimation d’un pédagogisme moribond par Vincent Peillon, en passant par la loi d’orientation de 1989 avec ses IUFM de sinistre mémoire, par le ministre Allègre qui invitait en plein Sénat les professeurs de philosophie, vous me permettrez de me souvenir un instant que j’en suis un, à cesser leurs « élucubrations », je cite, en passant encore par les catastrophiques réformes des programmes sous le complaisant ministère de Bayrou, on peut donc dire que personne n’a manqué à l’appel du désastre. Seuls sortent du rang de cette déplorable armée, Jean-Pierre Chevènement avec l’instauration en 1985 des bacs professionnels, ces filières constituant pour le Collectif Racine, nous y reviendrons, la mère de toutes les batailles, et Xavier Darcos avec sa réforme du primaire de 2008. Mais les gouvernements successifs de ces trente dernières années offrent l’aspect, sous les oppositions de façade, d’un conglomérat d’intérêts et de renoncements dirigées contre la France et son école. Nul ne peut certes sonder les cœurs ni les âmes, et nous ne nous arrogeons pas le monopole du patriotisme, mais, s’il est vrai qu’il n’y a d’amour que des preuves, ces élites-là ont en donné de si mauvaises qu’on peut fortement douter du leur.

 

Alors non, vraiment, notre époque n’est pas formidable. Rien cependant ne nous condamne au désespoir. Rien, plus profondément encore, ne nous y autorise. Car le temps est plein de promesses pour les patriotes. Le « nouvel ordre mondial » né dans les années 1980 et 1990, qui était en même temps un ordre moral, libéral-libertaire, donc, est en train de se disloquer. Les digues qui nous empêchaient d’être nous-mêmes craquent et, devant nous, s’ouvre l’espace stimulant de l’action, de la volonté, de l’invention. Chacun se trouve face au choix entre la nation et le mondialisme. Et tout indique que les mondialistes sont épuisés.

Que ceux qui peinent à s’en convaincre écoutent attentivement, si pénible soit l’exercice, les discours actuels d’Harlem Désir. S’ils leur font le même effet qu’à moi, celui d’une madeleine de Proust, ils seront transportés dans une rétrospective des années 1980, quelque part entre « Macumba » de Jean-Pierre Madère et « Etienne » de Guesch Patti, entre « Droit de réponse » et « Ciel mon mardi », le rubik’s cube et le minitel, et, donc, les concerts de SOS Racisme qui sont devenus cultes, quand on en revoit les images, purs moments de kitsch grotesques, drôles malgré eux, mais aussi terriblement obscènes. Car on voyait également dans ces années-là les visages de détresse des sidérurgistes au chômage, la file s’allonger devant les Restaus du cœur, éclater les premières émeutes ethno-urbaines. Quand j’entends Harlem Désir qui se répète à l’identique, quand je l’entends ressasser son patéhtique antifascisme de salon, je mesure le temps qui passe. Et je m’émerveille de ce que la vie a d’imprévisible. Si l’on m’avait dit au début des années 1990 quand, lycéen, je ne ratais pas une manifestation contre le front national, si l’on m’avait dit alors que je serai engagé vingt ans plus tard aux côtés de Marine Le Pen, je ne l’aurais pas cru.

C’est ici, j’en ai le sentiment profond, la magie de la France qui opère. Nullement surnaturelle, mais œuvre des hommes, elle agissait encore à l’école durant cette période où, presque nulle part, la patrie n’était valorisée. Je pense à Monsieur Laffont mon étincelant professeur d’histoire au collège, à sa petite taille et à son grand charisme, sombre et brillant, cinglant parfois, imposant avec succès la prise de note dès la sixième, et auquel je dois des bases indestructibles sur l’époque moderne. Je me souviens aussi de Mlle Courgeon, plus fragile, mais si compétente, dont je regrette d’avoir souvent si mal écoutée et même, parfois, perturbé les leçons de français et de latin. Je me souviens encore de Monsieur Bainvel qui détruisait systématiquement nos récréations mais qui, sur l’estrade, faisait vivre comme personne les textes classiques. C’est par de tels professeurs que passe l’esprit d’une nation. Et c’est dans leurs pas que nous inscrivons les nôtres. Ils nous ont puissamment montré qu’un élève mérite ce nom dès lors qu’il est élevé au sens de l’élévation, pas au sens de l’élevage. Ils ont tenu cette exigence, nous l’avons tenu à leur suite et la tiendrons encore.

Nos adversaires sont fatigués, disais-je. On voit en effet à l’œil nu qu’Harlem  Désir, fringuant hier, présente aujourd’hui, avec d’autres, tous les symptômes de la dépression politique : discours répétitifs, presque autistiques, déni de réalité, inversion accusatoire, dénonciation de dangers imaginaires, torsion du sens des mots. Dans sa bouche, par exemple, « républicain » signifie anti-patriote, mondialiste, cosmopolite, multiculturaliste, ce qui, au regard de l’histoire des républiques et, plus près de nous, de la Constitution de la Ve, ne veut strictement rien dire. Agressifs au plan moral parce que nuls politiquement, les euro-mondialistes conservent toutefois, à l’école comme ailleurs, un redoutable pouvoir de nuisance. Ces discours et ces hommes tentent naturellement de se survivre à eux-mêmes. Leur système ne s’écroulera pas tout seul. S’appuyant sur les belles persistances que je viens d’évoquer, il faut opérer contre lui un rassemblement politique des volontés, et passer de la défense à l’attaque.

Ce rassemblement est en cours, il croît, il monte, il grandit. Pendant que les euro-mondialistes de gauche et de droite s’épuisent dans leur triste idéologie dissolvante, en face d’eux, les patriotes de droite et ceux de gauche, dont je fais partie, se regardent, se rapprochent, comprennent que le vieux clivage est mort, et se réunissent autour de Marine Le Pen. Le Collectif Racine s’inscrit là, dans ce grand courant d’espérance.

 

Pourquoi ce nom ? Il fait référence à Jean Racine, l’un des grands fondateur de la langue française classique et renvoie, comme nom commun, par le jeu de l’homonymie, à la notion d’origines. Car nous aimons la France dans son histoire, que nous assumons tout entière et dont nous voulons qu’elle soit enseignée à nos enfants.

Le Collectif Racine est né d’une double volonté : rassembler les enseignants patriotes d’où qu’ils viennent et construire une pensée pour l’école. Son premier acte fut de publier un appel pour le redressement de l’école dans le Figaro du 2 mai dernier. Nous avons rapidement construit un site performant, alimenté dès l’été et désormais fréquenté au rythme de 4000 visiteurs uniques par jours. Depuis la rentrée nous enregistrons, outre de nombreuses marques de soutien, un afflux très important de professeurs de tous niveaux, de personnels de direction, d’étudiants et même  récemment un inspecteur, souhaitant participer activement à l’aventure. Nous avons cette semaine largement dépassé la centaine d’adhérents. Parce que le climat à l’intérieur de l’Éducation Nationale est tel que notre engagement peut nous y exposer à l’ostracisme, certains d’entre eux souhaitent pour l’instant conserver l’anonymat. Nous le leur garantissons évidemment, tout en étant convaincu que ce climat est en train de changer et que le Collectif Racine va fortement contribuer à le modifier encore.

Il est donc en pleine expansion et l’affluence est telle que nous pensons créer des sections locales dont la vocation sera, je le précise, de rassembler les professeurs d’un département par des réunions de travail, des conférences publiques, par des contributions au site, mais pas à l’intérieur des établissements. Nous ne sommes pas un syndicat et, en bons républicains, nous respectons scrupuleusement dans l’exercice de nos fonctions le devoir de réserve qui s’y attache, nous. Nous ne ferons pas une tribune politique, nous, de la salle des professeurs, et encore moins de nos salles de classe. C’est une grande fierté pour nous d’être le premier collectif professionnel associé au RBM, provenant d’un corps professoral qui est, nous le savons, et je viens de l’évoquer, une terre de mission pour nos idées. Ces idées, nous entendons les décliner thème par thème, de la maternelle à l’université, techniquement, rigoureusement, de manière cohérente. Et si nous nous appuyons sur l’idéal de l’école que l’histoire nous a légué, c’est pour nous projeter vers l’avenir en innovant, en déterminant, pour chaque mesure que nous avançons ses modalités d’applications précises.

C’est de cette manière que voulons être une force de propositions pour le Rassemblement Bleu Marine. Mais si d’autres formations politiques devaient s’emparer de nos travaux, nous nous en réjouirions. Après tout, si notre ministre entamait une métamorphose radicale nous l’accueillerions volontiers au Collectif Racine. Je lui lance donc cet appel : Citoyen Peillon encore un effort pour être vraiment républicain et nous rejoindre ! Plus généralement, nous invitons les syndicats, les associations et les spécialistes de l’éducation à débattre avec nous sans anathème, dans un esprit civique et civil, de toutes les questions qui touchent l’école. Qu’ils viennent nous prouver que nous nous trompons ; qu’ils nous opposent des principes et des mesures meilleurs que les nôtres ; mais qu’ils sachent qu’ils nous trouveront partout, qu’ils acceptent ou non le débat, car nous avons la ferme intention de réagir à tous les faits importants, de traiter en profondeur tous les enjeux structurels, de prendre des initiatives publiques, bref, de faire peser nos convictions dans le débat scolaire.

Ces convictions sont fortes, elles sont aussi joyeuses car nous avons le sentiment d’œuvrer pour quelque chose de grand, l’école, la république, la France. C’est pourquoi je voudrais  vous faire part de l’immense confiance qui m’anime. Si les mondialistes sont tristes et agressifs, ternes et destructeurs, nous sommes, nous patriotes, les vivants. Nous défendons à l’école la rigueur, l’autorité et la discipline mais aussi, à travers elle, une immense culture, la grande histoire d’une grande nation et l’esprit français. Or il n’y pas d’esprit plus vivant, plus créateur et joyeux, plus capable d’humour et de rigueur, de Jean Racine à Michel Audiard, que l’esprit français.

 

Avant de présenter nos intervenants, je tenais à adresser quelques remerciements.   Valérie Laupies, Florian Philippot et BDLR, au Front national et au RBM, ont accueilli l’idée de ce Collectif, lui ont apporté leur encouragement, leur aide, leur soutien, et suivent activement son destin. Nous leur exprimons notre amitié et notre reconnaissance. Je voudrais ensuite remercier Alain Avello, mon ami depuis vingt ans, qui associe à sa redoutable intelligence un enthousiasme patriote et un acharnement au travail que je partage avec lui. Nous les partageons tant que nous avons travaillé tout l’été sans désemparer pour monter le site, l’alimenter, nouer des contacts, réfléchir notre stratégie. Nous continuons depuis sur le même rythme sans que l’électricité que produisent parfois l’enthousiasme et l’acharnement atteigne, au bout du compte, un voltage trop élevé. Valérie, Alain et moi assurons la coordination et la représentation du Collectif Racine. Je voudrais également remercier Mathilde Palix à qui cette conférence de lancement doit beaucoup. Elle nous apporte dans les domaines de l’organisation et de la communication des compétences précieuses, une diligence constante, un engagement sans réserve. Je voudrais enfin vous remercier vous tous ici présent qui êtes parfois, je le sais, venu de loin pour assister à cet événement.

Nous écouterons d’abord le futur maire de Tarascon, Valérie Laupies, qui se penchera sur le rôle névralgique du primaire qu’elle connaît si bien en tant qu’institutrice et directrice d’école. Alain Avello, qui est comme moi professeur de philosophie en Lycée, traitera ensuite de la question de l’autorité du savoir et des maîtres, de son état présent, des voies pour la rétablir. Michel Sibel qui enseigne l’EPS en lycée professionnel, abordera en leur proposant des remèdes les difficultés propres à ces filières et, plus précisément, le problème de la violence qui y règne. Puis Gilles Lebreton, professeur de droit à l’université du Havre, pointant les évolutions dont souffre l’enseignement supérieur, abandonné aux logiques libérales, régionalistes et communautaristes, dessinera les pistes de sa refondation.

Enfin nous entendrons celle qui nous a fait l’amitié de faire connaître et applaudir le Collectif Racine dans son discours du 15 septembre dernier à l’université d’été de Marseille, celle qui nous fait ce jour l’honneur de participer à cette conférence de lancement, celle vers laquelle regardent tous les patriotes, celle qui est aujourd’hui au cœur des choses, celle qui seule peut redresser l’école parce que, seule, elle veut redresser la France, Marine Le Pen, présidente du Front National et du Rassemblement Bleu Marine.

 

2 commentaires on "Conférence de Yannick Jaffré (12 octobre 2013)"

  • PEYRET dit

    Enfin une réaction saine contre la déification de l’abandon et de la médiocrité ! !

    JP Chevènement (que j’ ai bien connu quand je travaillais sur Belfort de 1973 à 1991) a été l’ un des rares socialistes à rappeler que les enfants devaient savoir « lire, écrire, compter » , (fils d’ institutrice, on ne se refait pas…) ce qui lui a valu l’ostracisme des caciques du parti et des bobos de St Germain des Prés ..

    A bientôt , continuez !